Finalement la direction de General Motors a décidé de couper dans le vif en décidant de fermer complètement l’usine Opel d’Anvers, après avoir licencié 20 000 salariés aux USA et en prévoyant d’en licencier de l’ordre de 6 000 dans le reste de l’Europe.
Toute la région d’Anvers va être touchée par ces licenciements et toute la Flandre même. Après les milliers de licenciements dans le secteur automobile, les entreprises textiles qui ferment les unes après les autres, la chimie, etc… , et maintenant la fermeture d’Opel-Anvers, les travailleurs de Flandre subissent de plein fouet la violence du capitalisme, comme il y a quarante ans ceux de Wallonie, avec la fermeture des mines et de la sidérurgie.
C’est pour cela que les rugissements des nationalistes flamands et les cocoricos des nationalistes wallons sont dérisoires. Le chômage en Flandre n’était plus faible que parce que de nombreuses multinationales avaient investi en Flandre. Quand la Flandre n’intéresse plus les multinationales, quand les patrons flamands du textile déplacent leurs usines au loin, la population de Flandre se retrouve dans la même situation dramatique que celle de Wallonie.
C’est pour cela aussi que la tactique des dirigeants syndicaux, d’entamer d’interminables parlottes avec les patrons, soi-disant pour les convaincre qu’ils ont les meilleurs ouvriers, les plus flexibles, les plus efficaces, est elle aussi dérisoire. Et quand cela mène ces dirigeants syndicalistes à pousser les travailleurs à accepter des suppressions d’emplois, des augmentations de cadences et des pertes de salaire, comme ils l’ont fait à Volkswagen et le font à Opel, alors c’est une véritable trahison des travailleurs.
Les patrons et les actionnaires – qu’ils soient flamands, français, allemands, néerlandais, américains ou autres – nous font la démonstration que les frontières ne comptent pas. Si rien ne les arrête, ils placent et déplacent leurs capitaux seulement au gré des profits qu’ils espèrent. Que les travailleurs se retrouvent au chômage par centaines de milliers, qu’ils ruinent ainsi des régions entières, les capitalistes s’en moquent.
Car les grands actionnaires, eux, ne sont pas en difficulté. Ceux de GM, par exemple, n’ont rien perdu de leurs milliards. En 2008 encore, alors que GM affichait déjà des pertes, ils se distribuaient de plantureux dividendes.
Mais il n’est pas inéluctable que les patrons gagnent toujours et que les travailleurs perdent continuellement !
Après le blocage pendant plusieurs semaines de trois de ses usines en Wallonie et en Flandre, le brasseur AB Inbev a retiré la procédure Renault en vue du licenciement collectif de 263 salariés. Personne ne croit bien sûr que c’est une victoire définitive.
C’est en dénonçant haut et fort les profits qu’Inbev avait faits sur leur dos (près de 3 milliards en 2009) et les cadeaux fiscaux dont a profité l’entreprise que les travailleurs chez AB Inbev ont refusé de se laisser licencier.
Mais en bloquant eux-mêmes les portes des entreprises, sans faire quasiment appel aux ouvriers eux-mêmes, les responsables syndicaux ont tout fait pour éviter d’être débordés, éviter que les travailleurs d’Inbev puissent entraîner dans la grève d’autres salariés et qu’ils rejoignent les ouvriers d’Opel dans une même lutte contre les licenciements.
Et ce n’est pas pour rien que les dirigeants d’Inbev ont reculé le jour où GM annonçait la fermeture prochaine d’Opel-Anvers. Car ce que craignent les patrons de toutes les entreprises, c’est que la détermination des uns fasse école, que d’autres travailleurs refusent la logique du profit et que le mouvement de grève s’étende à d’autres usines et à d’autres secteurs.
Car le patronat sait bien qu’il y a une lutte de classes, que dans la quasi-totalité des entreprises du pays les patrons imposent aux travailleurs des licenciements, des augmentations de cadences et des pertes de salaires pour pousser les profits des patrons et des actionnaires au plus haut niveau.
Le pire des cauchemars patronaux, c’est de voir les travailleurs s’engager eux aussi dans une lutte de la classe ouvrière, une lutte qui rompe avec la tactique syndicale qui isole la lutte d’une entreprise de celle des autres.
La classe capitaliste sait très bien que quand la force de la classe ouvrière se met en branle, elle est non seulement capable de faire reculer le patronat sur les licenciements, mais elle peut aussi imposer le contrôle des travailleurs sur les entreprises, et même renverser le capitalisme et mettre en place une autre société que celle du profit égoïste.
Eh bien c’est là la seule voie de sortie de la crise et la seule perspective qui vaille pour les travailleurs.