Coalition PS-PTB à Mons

Lors de la campagne pour les élections communales, le bourgmestre Nicolas Martin n’avait pas hésité à enlever le sigle du PS de ses affiches électorales. Une manière de se positionner comme « un social démocrate » qui « mène une politique très orientée vers le monde de l’entreprise ».

Après les élections, pour justifier son alliance avec le PTB, Martin affirme : « Je n’ai pas bougé d’un millimètre. J’avais des inquiétudes sur la politique de développement économique du PTB ainsi que sur sa gestion financière de la Ville. Mais le PTB s’est posé en partenaire modéré, capable de trouver des compromis ».

Effectivement : les compromis sont entièrement du côté du PTB. Comme le dit Céline De Bruyn, échevine PTB du logement, de la petite enfance et de l’égalité des chances, « C’est clair que dans notre programme, on demandait un investissement dans les services publics. On va le faire, mais en revoyant certaines ambitions car on a accepté de s’inscrire dans le cadre financier et économique imposé par le Crac (Centre régional d’aides aux Communes) et le plan Oxygène ».

Le « Crac » n’est que l’instrument par lequel les gouvernements fédéraux et régionaux imposent l’austérité aux communes. Quant au plan Oxygène, il dépend de la volonté des banques, qui veulent contraindre les villes à payer des intérêts plus élevés pour emprunter.

Nicolas Martin « ne recule pas d’un millimètre » dans sa politique de subsides et d’aides aux entreprises alors que la ville est sous pression financière.

L’échevine PTB, elle, risque de se retrouver confrontée au licencie­ment de travailleurs communaux sous contrat APE, dont beaucoup sont électeurs du PTB…

Depuis des dizaines d’années, le PS, lui-même, justifie ses renoncements dans les gouvernements de coalition en évoquant les contraintes du capi­talisme qui ne lui permettent pas de développer tout son programme. N’est-ce pas ce que commence à reproduire le PTB, au niveau communal ?

« Ce que le PTB a obtenu »

L’échevine PTB du logement annonce :

– « avoir obtenu la création d’au moins 200 logements publics ». Germain Mugemangango, député du PTB au parlement wallon, dénonçait, il y a quelques années encore, l’hypocrisie de ceux qui présentent « le logement public » comme du logement social. Bien que financé par l’argent public (les impôts de la population), le logement public est vendu ou loué aux prix du marché. Les sociétés de logements publics sont contraintes par leurs statuts à ne pas faire de déficit. C’est pourquoi elles exigent des garants, comme les sociétés immobilières privées. Souvent, elles ne répondent même pas aux demandes de ceux dont la pension est trop basse, ou qui dépendent du CPAS ou d’une indemnité d’handicapé.

– « un renforcement de la lutte contre les logements inoccupés et les marchands de sommeil ». C’était déjà la politique de Nicolas Martin. Mais comment l’a-t-il menée ? En faisant expulser par sa police des dizaines de familles vivant dans des taudis. Au sortir de l’hiver dernier, les assistantes sociales du CPAS de Mons constataient qu’il manquait de logements sociaux pour reloger ces familles et leur conseillaient de s’adresser à d’autres communes. Comment l’échevine PTB se justifiera-t-elle devant les familles à la rue, vu la pénurie de logements sociaux ?

– Échevine de l’égalité des chances, Céline De Bruyn met en avant la création de plus de guichets à l’administration communale et de plages sans rendez-vous. « Avec la volonté de remercier le personnel communal avec l’instauration d’une prime de fin d’année ». Travailler plus pour gagner plus ? Jusqu’à ce que le Crac ou les banques interdisent ou même reprennent la prime. Il ne restera alors que la surcharge de travail…