Budget wallon : contre la population

Les résultats électoraux régionaux en Wallonie ont mené à la formation d’une coalition majoritaire MR-Les Engagés (ex-CDH) qui a présenté son budget pour 2025 : 268 millions d’économies pour la Région wallonne et 110 millions d’économies pour la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Les ministres MR et Les Engagés (LE) ont commenté ce budget par une flopée de phrases qui sous-entendent avec leur mépris de riches que la dette et le déficit viendraient de trop grandes « largesses à la population ». Ainsi, Jacqueline Gallant (MR) déclare « L’Etat Wallon est obèse, nous le réformerons », Desquesnes (LE) et Jeholet (MR) expliquent que « La Wallonie n’est pas un MisterCash » et une ministre conclut en disant carrément : « On n’est pas des pots de Nutella dans lesquels on peut se servir indéfiniment ». Pas sûr que les actionnaires de Duferco et de NLMK, qui ont reçu des centaines de millions de la Région, se sentent concernés !

En réalité, ils voudraient justifier que les 378 millions d’économies qu’ils envisagent soient supportés par les travailleurs et toute la population.

Cadeaux aux riches…

Annoncée dès juillet, une mesure phare du nouveau gouvernement wallon est l’abaissement des droits d’enregistrement pour les primo-acquéreurs wallons de 12,5% à 3% de la valeur du bien immobilier. Les ménages qui voudraient acheter une maison (et leur première) paieront donc moins de droits d’enregistrement.

La mesure est inutile pour de très larges couches de la population qui ne peuvent tout simplement pas se permettre de devenir propriétaire ! Mais elle coûtera 250 millions, soit à peine moins que les économies imposées à la Région !

Mais en plus de ça, en « échange » le gouvernement supprime le chèque habitat, un mécanisme qui venait aider les ménages (avec un plafond de revenu) qui voulaient acheter. Contrairement au chèque habitat, la nouvelle aide à la propriété favorise les plus hauts revenus… Un ménage qui achète une maison à 2 millions paiera le même taux qu’un ménage achetant une maison à 200.000 euros.

Le nouveau gouvernement va ainsi offrir aux plus riches acheteurs de biens luxueux un cadeau de milliers d’euros.

Et à part cette annonce faussement présentée comme en faveur des travailleurs, les autres annonces soi-disant « positives » étaient en réalité… l’absence d’une attaque contre l’indexation des allocations familiales et le financement plus qu’urgent de places d’accueil pour les petite enfance ou d’un soutien aux victimes des PFAS.

… privations pour la population

Ces quelques mesures cachent mal le fait qu’en réalité, plusieurs réformes vont clairement toucher les travailleurs au portefeuille. Parmi ces mesures, il y a notamment la fin du financement supplémentaire prévu pour le Fonds des communes (une des principales sources de financement pour les communes wallonnes) et le gel de l’indexation du financement des points APE (une aide à l’emploi octroyée entre autres à de nombreux emplois publics dans les communes). Les communes vont ainsi perdre 30 millions d’euros de financement, qui se traduira soit par une dégradation des services, soit par de nouvelles taxes, soit par une augmentation du déficit des communes.

Le gouvernement a aussi annoncé vouloir récupérer plusieurs dizaines de millions dans la fonction publique et l’administration. Quant aux « organismes d’intérêt public », ils seront censés faire le plus d’économies. Le Forem devrait économiser 13 millions, la RTBF 11,8 millions ou le TEC 23 millions ! Autant dire que ça retombera directement sur les travailleurs qui perdront leur emploi ou crouleront encore un peu plus sous la charge de travail dû au manque de collègues, avec en plus une dégradation des services publics.

De son côté, le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles annonce lui aussi 110 millions d’euros d’économies. Comment ? En faisant reporter une bonne partie des coûts liés à l’enseignement… sur les parents !

Les attaques gouvernementales sont bien là. La presse bourgeoise s’offusque cependant du « manque de courage politique » des ministres ! Cela montre juste que le patronat belge envisage de voler encore davantage les travailleuses et travailleurs de Wallonie et d’ailleurs.

Les partis de l’opposition, dont le PS et le PTB, dénoncent ces attaques, mais ils laissent entendre que ce serait parce que le MR et LE sont désormais aux manettes. Vraiment ? Alors que cette technique de la « râpe à fromage » qui consiste à grappiller dans tous les budgets utiles à la population pour mieux distribuer des cadeaux aux actionnaires a été utilisée par tous les gouvernements précédents dirigés ou avec participation du PS ! En réalité, les attaques contre les travailleurs continuent, et vont encore un pas plus loin, parce que le grand patronat se sent tout permis.