Ryanair, Aviapartner, Mestdagh… les travailleurs en lutte contre l’exploitation !

Mercredi 31 octobre, après 6 jours de grève, la direction d’Aviapartner a dû renoncer à son mépris des travailleurs et à ses menaces de faillite pour conclure un accord avec les organisations syndicales. La direction, qui refusait 14 embauches avant la grève, s’est engagée à transformer 27 contrats intérimaires en CDI. 32 autres salariés auront leurs contrats à durée déterminée prolongés, et 40 intérimaires supplémentaires seront embauchés pour diminuer la surcharge de travail.

Les grévistes, habitués à s’entendre refuser un parka anti-pluie ou le remplacement d’une ceinture de sécurité sur leur véhicule électrique, ont vu le grand « CEO » d’Aviapartner venir en personne s’engager à investir 3,2 millions € pour remplacer le matériel défectueux.

Cette grève débutait le 25 octobre, le jour même où la direction belge de Ryanair signait un accord avec les organisations syndicales où les pilotes et le personnel navigant étaient représentés pour la première fois. Ryanair s’engage à respecter le droit belge, et non plus le droit irlandais plus défavorable, en matière de contrat de travail, à partir de janvier 2019.

Ces deux reculs patronaux sont importants, même s’ils sont limités. Le recours aux emplois précaires, la pression sur les travailleurs pour en faire toujours plus, les faibles salaires et les primes qui dépendent de la mauvaise volonté du patron, tout cela n’est pas résolu.

Et il est important que la colère croissante des travailleurs de ces secteurs face à la dégradation de leurs conditions de travail se soit fait entendre. Et il est nécessaire que cette colère s’exprime encore plus largement, les raisons ne manquent pas.

A partir du 7 novembre, les organisations syndicales de Bpost organisent 5 journées de grève, secteur après secteur : les centres de tri le premier jour, le transport le 2e, la distribution le 3e, etc. Ces 10 dernières années, Bpost a supprimé 15 000 emplois. De nombreux postiers embauchent une ou deux heures avant le début de leur journée, de peur de ne pas arriver au bout de leur tournée. Le logiciel Géoroute, qui dirige le travail des facteurs, dénombre désormais les secondes par colis à délivrer fixées à l’avance. C’est une organisation du travail aussi épuisante que celle des salariés des centres logistiques de Lidl ou Amazon.

Les travailleurs des Carrefour Market, du groupe Mestdagh, ont fait plusieurs jours de grèves en octobre. Ils continuent à protester contre les 340 suppressions d’emplois (sur 2 000) et le report du travail sur les épaules de ceux qui restent.

Les organisations syndicales planifient ces mouvements de grève, mais se gardent bien de tenter de les unifier, ce qui permettrait aux travailleurs d’être plus forts. Les directions syndicales se limitent à des négociations entreprise par entreprise.

Lors de la grève chez Ryanair, la pression des pilotes, puis du personnel de cabine, a poussé les syndicats à entreprendre l’organisation de travailleurs précaires à l’échelle de plusieurs pays européens. Mais lors de la grève à Aviapartner, les responsables syndicaux ont usé de leur influence pour dissuader les travailleurs de Swissport, l’entreprise concurrente d’Aviapartner, de se joindre au mouvement. Pourtant les travailleurs de ces secteurs ont les mêmes problèmes !

Militer pour l’extension des grèves contre la charge de travail, les bas salaires, la précarité, ce n’est pas la politique des directions syndicales. Bien sûr, la grève et son extension ne se décrètent pas. Mais il est nécessaire que les travailleurs retrouvent la perspective d’unification des grèves locales en grève générale, c’est la seule solution pour créer un rapport de force suffisant pour faire reculer le patronat et les gouvernements.

La seule possibilité pour sortir de la précarité et du chômage, c’est de prendre sur les profits pour répartir le travail entre tous, sans perte de salaire. Cela est bien sûr inaccessible dans des luttes entreprises par entreprise, mais tout à fait possible quand des centaines de milliers de travailleurs sont unis dans un même mouvement de grève.

On voit que des grèves, mêmes limitées à quelques entreprises, ont permis de faire ravaler leur morgue aux patrons et de légitimer les travailleurs qui relèvent la tête et disent « NON » ! Unis dans un mouvement beaucoup plus large, les travailleurs peuvent changer bien des choses.