Dans ces élections communales et provinciales, les partis des gouvernements ont été sanctionnés par les électeurs : MR, N-VA et CD&V reculent, et aussi sp.a et PS, bien qu’ils soient actuellement évincés des charges ministérielles. Les électeurs perdus par la N-VA sont souvent retournés au Vlaams Belang qui sort renforcé du scrutin.
Mais ce sont surtout les partis écologistes et le PTB qui ont attiré les électeurs mécontents des partis gouvernementaux. Ainsi, le PTB obtient des élus dans plus de villes en Flandre, il augmente fortement son score à Bruxelles et devient le deuxième parti derrière le PS dans plusieurs grandes villes wallonnes où il s’est présenté.
Le PTB est ainsi invité aux négociations des coalitions communales par le PS à Charleroi, Herstal, La Louvière, Molenbeek… A Charleroi, Paul Magnette lui propose même l’échevinat du logement en déclarant que le PTB « doit prendre ses responsabilités et faire des compromis ».
Ce que Magnette appelle « prendre ses responsabilités », c’est gérer au niveau communal l’austérité imposée par les gouvernements au détriment de la population et au profit du patronat. Cette politique au service des capitalistes, le PS la pratique depuis plus de 100 ans. Cela a conduit nombre de dirigeants du PS à se comporter comme des patrons et gérer les budgets à leur disposition pour s’enrichir personnellement. Accepter de gérer de grandes communes avec le PS, c’est accepter d’être un rouage de la politique du patronat.
Le piège de Magnette est à peine voilé, car ni Charleroi, ni les autres villes ravagées par le chômage où le PTB s’est présenté, n’ont les budgets pour construire des logements publics.
L’argent pour construire des logements de qualité et abordables existe pourtant, et aussi l’argent pour garantir à tous un travail et un salaire suffisant pour vivre correctement, sans avoir recours aux aides sociales et au logement social. Mais cet argent est dans les mains des riches actionnaires des grandes entreprises du BEL20 qui ont augmenté leurs profits de 56% l’année passée.
Se donner pour objectif de « faire payer les riches », un ancien slogan du PTB, est une urgence pour le monde du travail écrasé par le chômage, avec des salaires et pensions à la baisse, et des conditions de travail dégradées. Le rapport de force nécessaire à cette « politique de rupture » avec la politique patronale, ne réside pas dans les urnes et encore moins dans les gouvernements, mais dans des luttes généralisées et conscientes du monde du travail.
Pour récupérer les richesses produites par les travailleurs et volées par les actionnaires des grandes entreprises et des banques, il faut être prêt à s’attaquer au vrai pouvoir, celui de la classe capitaliste. Les capitalistes prétendent ne pas avoir les moyens d’embaucher, ni d’augmenter les salaires. Et ils se protègent derrière le secret des affaires. Alors il faudra que les travailleurs imposent eux-mêmes le contrôle des comptes des entreprises et des banques. Cette perspective de lutte est actuellement à contre-courant et encore minoritaire. Mais l’aggravation de la crise économique, et des crises politiques qui s’en suivent, va remettre cette perspective à l’ordre du jour.
Dans son désir de gagner des électeurs sans s’opposer aux illusions électorales pendant la campagne, le PTB s’est mis dans la situation d’accepter de se compromettre avec le PS… ou de décevoir toute une partie de ses électeurs.
Le PTB doit une grande partie de sa progression électorale au milieu syndical, surtout FGTB. La FGTB wallonne, encore très liée au PS, ne cesse de réclamer des « majorités de gauche », PS-PTB-Ecolo, dans les villes aujourd’hui, dans les gouvernements régionaux et le gouvernement fédéral demain. Dans l’espoir illusoire qu’avec une telle alliance, le PS mène une politique de défense des intérêts des travailleurs.
La perspective qu’une nouvelle majorité de gauche améliore la vie des travailleurs est un leurre ! Le programme du prochain gouvernement est déjà écrit par la FEB et son contenu connu : « encore plus de profit malgré la crise ». Un programme qui signifie appauvrir la population laborieuse. Accepter un échevinat dans une grande ville, accepter une charge ministérielle, c’est accepter d’exécuter la politique de la classe capitaliste. Tel que Syriza le fait en Grèce. Le PTB, s’il s’y laisse pousser, n’échappera pas à cette règle.
Les élections finies, patronat et gouvernements continuent leur guerre de classe contre le monde du travail. Les militants qui souhaitent le renforcement du camp des travailleurs, doivent aider les travailleurs à voir clair dans les pièges, notamment électoralistes, à se préparer à la lutte, y compris jusqu’au renversement du capitalisme.