Yara : profits et licenciements

La direction de Yara à Tertre annonce la fermeture de son unité de production d’ammoniac et la suppression de 115 emplois sur 320. Pour se justifier, la direction accuse le prix du gaz naturel, car la production d’ammoniac en consomme énormément. Ou encore le coût des investissements nécessaires pour diminuer les émissions de CO2.

Mais Yara n’est pas une petite PME en difficulté. C’est le numéro 1 mondial de la production d’engrais, produits à partir de l’ammoniac. En 2022, lorsque le prix du gaz a grimpé en flèche avec le début de la guerre en Ukraine, la multinationale a profité de son monopole sur l’ammoniac et les engrais agricoles pour augmenter ses prix, au détriment des agriculteurs et des consommateurs. Elle a engrangé des profits records (2,7 milliards $).

Que ce soit à travers la crise sanitaire et économique liée au Covid, ou les conséquences des sanctions européennes contre l’importation du gaz russe, ou encore les évolutions technologiques pour minimiser les gaz à effets de serre, les groupes capitalistes comme Yara jouent sur tous les tableaux. Ils décident de leur production à l’échelle mondiale en fonction des bénéfices attendus et du montant des aides publiques. Hier, Yara a bénéficié des subsides belges et européens, aujourd’hui elle est intéressée par les subsides américains plus importants et délocalise sa production d’ammoniac aux USA.

Et les travailleurs devraient se résigner aux licenciements, à la vie chère, à la pollution de leur environnement ? Sur les 8 milliards € de bénéfices engrangés par le groupe Yara depuis 2018, il y a largement de quoi payer les salaires complets en partageant le travail au lieu de licencier.