La Stib a été condamnée pour discrimination pour avoir refusé une candidate voilée. Et voilà une presque crise au gouvernement au sujet de la compatibilité des « signes religieux » avec la « neutralité » des services publics.
Sauf que le voile n’est pas seulement un signe religieux, c’est un moyen d’oppression des femmes par les hommes. Toutes les religions monothéistes, et les sociétés qui vont avec, juive, chrétienne, musulmane, dénient aux femmes l’égalité avec les hommes.
En Belgique, de culture chrétienne, il a fallu attendre 1948 pour le droit de vote des femmes, 1973 pour qu’elles obtiennent le droit d’ouvrir un compte en banque (et donc de ne pas devoir remettre leur salaire au mari ou au père !), les années 90 pour voir pour la première fois une femme conduire un train. Il a fallu de nombreux combats de plusieurs générations de femmes, contre l’Église, contre l’État, pour avancer vers l’égalité avec les hommes. Et c’est un combat qui est loin d’être complètement gagné !
Alors le voile à la Stib ou encore celui de la présidente de la commission pour l’égalité hommes-femmes, ce n’est pas un pas en avant. Il augmentera la pression communautaire et réactionnaire que subissent les femmes d’origine immigrée qui refusent de se soumettre, et veulent pouvoir travailler, enseigner, conduire des bus, sans porter le voile, et même prendre la liberté de ne pas croire en un dieu.
Les courants qui s’efforcent de diviser les travailleuses et travailleurs d’origines différentes, en les enfermant dans leurs communautés respectives, s’appuient sur les religions et les symboles religieux.
Il y a bien sûr ceux qui sont contre le voile pour des motivations xénophobes ou racistes. Il y a aussi ceux qui se prononcent pour le port du voile au nom de l’antiracisme, voire de la liberté des femmes, et se trompent de combat. Car on ne combat pas l’oppression sans dénoncer clairement les oppresseurs.
Les travailleuses et travailleurs conscients doivent surtout voir ce que le débat sur le voile tente de masquer : le chômage et la pauvreté croissants, qui touchent plus fortement les travailleuses et travailleurs d’origine maghrébine et turque, les économies dans les services publics au détriment des classes populaires, ces attaques qui nous concernent tous et qui contribuent aussi à faire retomber les femmes dans la dépendance des hommes !
Tout cela ne changera que par des luttes sociales, dans lesquelles les femmes et les travailleuses et travailleurs de toutes origines et toutes religions ont toute leur place.
Et c’est aussi dans ce cadre de la solidarité ouvrière que bien des femmes d’origine maghrébine ne ressentiront plus le besoin de se voiler pour se cacher, ou de s’afficher fièrement avec !