Il y a plus de trois ans, le jeune bruxellois Ibrahima Barrie, 23 ans, est décédé après avoir fait un malaise cardiaque dans un local de fouille d’un commissariat de Saint-Josse. Ibrahima avait été interpellé à proximité de la gare du Nord après avoir sorti son téléphone pour filmer une intervention policière.
Dans les enregistrements, on entend Ibrahima commenter « Regardez comment ils traitent les gens, regardez » puis répondre calmement à un policier « Je garde mes distances, je garde mes distances, bien sûr ».
Malgré cela, les policiers arrêtent Ibrahima pour « trouble à l’ordre public » et l’emmènent au commissariat.
Là, en présence de quatre inspecteurs, il est fouillé. S’ensuit une scène où Ibrahima chancelle à plusieurs reprises. Placé sur une chaise où il continue de chanceler, un des inspecteurs le force à se relever par trois fois, dont une fois en le poussant violemment : sa tête percute le mur de la pièce. Pour cette violente poussée, le policier a été condamné à un mois de prison avec sursis.
Le policier en question et un de ses collègues ont ensuite quitté les lieux. Et les deux policiers restants ont alors ignoré pendant sept minutes les signes manifestes d’un malaise cardiaque avant de se décider à appeler les secours. Ibrahima mourra moins d’une heure plus tard à l’hôpital.
Comme souvent quand on a la peau foncée, se faire arrêter par la police signifie encourir un danger mortel.
Le tribunal correctionnel de Bruxelles a enfin reconnu coupables de non-assistance à personne en danger les deux policiers qui ont refusé de porter secours au jeune en état de malaise cardiaque. Ils écoperont de sept mois de prison avec sursis.
…et culture de l’impunité
Pourtant, malgré la condamnation, le chef de corps de la zone de police de Bruxelles-Nord a témoigné son « soutien aux collègues concernés » ajoutant que « nous allons analyser ce jugement ». Quant au policier qui avait poussé Ibrahima, aucune sanction disciplinaire n’a été prise contre lui.
Ainsi, malgré la reconnaissance de la violence de ces policiers, ils ont tous été rassurés par la hiérarchie.
Les violences policières sont protégées par la loi ou la hiérarchie pour une simple raison : l’Etat doit pouvoir compter sur la police pour maintenir l’ordre dans une société servant les intérêts des capitalistes. L’Etat doit démontrer aux policiers que tant qu’ils resteront du côté du pouvoir, ils seront protégés.