En baisse dans les sondages face à son rival démocrate, Donald Trump souffle tant qu’il peut sur les braises de la haine raciale et du nationalisme. Il est allé saluer ses partisans dans la petite ville de Kenosha, quelques jours après qu’un milicien d’extrême droite ait abattu deux manifestants qui protestaient contre les violences policières. Une façon pour Trump de soutenir presque officiellement ces milices. Depuis son élection en 2017, celles-ci se sont multipliées, cherchant la provocation avec tous ceux qui ne pensent pas comme eux, sur les campus des universités, dans les meetings politiques ou les manifestations comme celles de Black Lives Matter.
Pour donner un gage supplémentaire à ceux qui se reconnaissent dans sa démagogie contre les noirs et les immigrés, Donald Trump annonce à présent la suppression des formations anti-racistes dans l’administration fédérale, sous prétexte “qu’elles sont clivantes et anti-américaines”.
Face à Trump, le candidat démocrate à la présidence des Etats-Unis, Joe Biden, se présente comme le rassembleur qui veut apaiser les divisions du pays. Il a recruté comme candidate à la vice-présidence Kamala Harris, une afro-américaine dont il espère qu’elle lui rapportera les voix de la communauté noire.
Mais Trump comme Biden et Kamala Harris sont tous des candidats de la bourgeoisie et leur rôle n’est pas de combattre la violence dans la société, mais de se mettre au service des riches dans l’exploitation sans merci des travailleurs.
Les provocations des milices pro Trump sont médiatisées et leurs idées racistes, ouvertement affichées, sont écoeurantes. Mais c’est l’ensemble des travailleurs qui subissent la violence de l’exploitation des patrons, y compris les grands patrons qui aiment se présenter comme des humanistes.
Jeff Bezos, le patron d’Amazon, a vu sa fortune augmenter de 20% durant le confinement, alors que des travailleurs en contrats précaires dénonçaient les conditions de travail dans des entrepôts transformés en cluster de l’épidémie. Et pendant qu’Elon Musk parle de voyage vers Mars, les ouvriers de ses usines Tesla ont un taux d’accident de travail plus élevé que n’importe quel constructeur automobile.
Dans la première puissance économique mondiale, au pays des multi-milliardaires, un tiers des ménages américains sont incapables de payer leur loyer ou leur hypothèque depuis le mois de juillet. Des distributions de repas gratuits ont dû être organisées durant le confinement dans tout le pays, comme lors de la Grande Dépression de 1929. Des malades du covid ont été refoulés des hôpitaux car leur assurance maladie ne couvrait pas les frais d’une hospitalisation. A ce jour, 27 millions d’Américains déposent des demandes officielles d’indemnités de chômage, tandis qu’un nombre équivalent de personnes, sans aucun revenu, sont à ce point isolées et abandonnées qu’elles survivent dans la misère sans rien demander à l’État.
Telle est la situation réelle, derrière les chiffres en trompe l’œil sur les taux bas du chômage et la prospérité économique des USA.
Mais ce désastre social n’est pas une fatalité. C’est le produit du fonctionnement du capitalisme où les profits d’une minorité d’ultra-riches ne peuvent être arrachés que par le recul des conditions d’existence de la majorité.
Face à cette guerre sociale que leur livrent patrons, capitalistes et actionnaires, les travailleurs américains ne sont pas désarmés. Les traditions de combativité, d’organisation, de solidarité survivent encore, en grande partie parmi les travailleurs de la communauté noire américaine qui doivent lutter pour faire des études, pour un travail, pour leur salaire et même pour défendre leur peau depuis toujours.
Mais pour gagner en puissance, la riposte contre les capitalistes ne pourra pas rester sur le seul terrain de la lutte contre les violences policières et de l’anti-racisme. Et encore moins compter sur les élections.
C’est en renouant les liens sur le terrain des intérêts communs de la classe ouvrière, pour les emplois et les salaires, que les travailleurs américains pourront déjouer les pièges mortels de la division, et entreprendre les luttes nécessaires pour se préparer à renverser le capitalisme.