Début novembre, l’entreprise Umicore a annoncé le licenciement de 260 travailleurs dont une centaine en Belgique. Umicore, dénommée Union minière jusqu’en 2001, est un groupe qui emploie 12.000 personnes dans le monde et fait partie des principales entreprises belges, avec des bénéfices annuels importants de l’ordre de 4 milliards ces dernières années. En moyenne, l’action Umicore rapporte plus de 5% de rendement. De l’argent il y en a. Mais comme dans les autres grandes entreprises, pour maintenir voire augmenter ses profits, le groupe fait des économies sur le dos des travailleurs.
Il faut dire qu’en matière de mépris des vies humaines pour faire des profits à tout prix, Umicore a une solide expérience… Son ancêtre est l’Union minière du Haut-Katanga, qui s’est construite durant la colonisation et a accumulé des profits faramineux que des dizaines de milliers de Congolais ont payés de leur sueur, de leur sang et souvent de leur vie.
Ce fut par exemple le cas le 9 décembre 1941 : alors que les colonisateurs belges utilisaient la guerre pour renforcer encore le travail forcé des Congolais, des travailleurs de l’Union minière déclenchent la grève. A Lubumbashi, 45 hommes seront tués lors d’une fusillade alors que la Force Publique (la police coloniale) tente de disperser les grévistes, et une cinquantaine d’autres mourront le lendemain.
Et ce sinistre épisode n’est qu’un élément du tableau : les sociétés, dont Umicore émerge en 2001, sont dans leur majorité des entreprises d’extraction minière qui se sont enrichies pendant des années sur les « minerais du sang » qui ont participé à alimenter le conflit à l’Est de la République Démocratique du Congo. Et malgré ses divers changements de noms et sa « reconversion » au traitement des métaux plutôt qu’à l’extraction, Umicore négocie simplement des partenariats avec des entreprises comme Glencore qui s’occupent de l’extraction.
En France, Umicore est par ailleurs connue pour avoir abandonné des déchets toxiques sur cinq anciens sites miniers. Et en Belgique, sur le site d’Umicore à Olen, on retrouve plus de 500.000m³ de déchets radioactifs, parfois mélangés à la terre sans aucun conditionnement. Des taux exceptionnellement élevés de radioactivité ont d’ailleurs été mesurés autour du site d’Olen, où entre 1920 et 1977 se trouvait une usine d’extraction de radium et d’uranium. Ce dernier servira d’ailleurs à la fabrication des premières bombes atomiques américaines lors du projet Manhattan.
Les licenciements annoncés sont un scandale de plus !