Une nouvelle frénésie de chauvinisme s’est emparée des ministres, journalistes et directions des syndicats : tous crient au scandale, car la SNCB a accordé sa préférence pour l’achat de nouvelles automotrices au groupe espagnol CAF, plutôt qu’aux concurrents, Siemens et Alstom, ce dernier ayant une filiale à Bruges.
Peu importe les critères techniques, il faudrait acheter des « trains belges ». Comme si ça existait ? Même un simple vêtement, dans le capitalisme, est le produit de travailleurs de nombreux pays ! Alstom délocalise d’ailleurs le soudage des caisses de train en Pologne, et l’ingénierie des systèmes de sécurité en Inde. Siemens, quant à lui, fournit les équipements de sécurité des trains du groupe espagnol CAF, dont les équipements de traction sont fournis par le groupe japonais Mitsubishi…
Peu importe la réalité pour ces défenseurs du « produire belge » : ils vont jusqu’à utiliser ce contrat de la SNCB avec CAF pour tenter de justifier la menace d’Alstom de licencier près de 800 travailleurs du site de Bruges !
Mais Alstom n’est pas une petite entreprise dont l’avenir dépend du succès ou non d’un contrat, et même d’un gros contrat. Il s’agit d’une multinationale qui réalise des milliards de bénéfices.
Les menaces de licenciements précèdent d’ailleurs la question de ce contrat de la SNCB : début 2024, un an avant, Alstom annonçait déjà 1.500 licenciements sur l’ensemble du groupe.
En se rangeant derrière la concurrence entre capitalistes pour mettre la main sur les contrats et l’argent public, les directions syndicales n’aident absolument pas à « défendre les emplois en Belgique ».
Au contraire, elles trahissent les intérêts des travailleurs en présentant ces licenciements comme inévitables, suite au choix de la SNCB, alors que les groupes qui licencient font des milliards de profits !
En développant le nationalisme, en faisant croire que les intérêts des travailleurs sont liés aux intérêts des capitalistes, les directions des syndicats préparent de lourdes défaites pour les travailleurs.
La bataille nécessaire n’est pas celle des mécaniciens qui travaillent en Espagne contre les mécaniciens qui travaillent en Belgique, mais bien celle des mécaniciens du monde entier, contre les actionnaires de CAF, Alstom, Siemens et tous les autres !