L’Ukraine a tiré plusieurs missiles longues portées sur le territoire russe, après que les États-Unis, la Grande-Bretagne et ensuite la France l’y aient autorisé. En réaction, la Russie a tiré un missile intercontinental qui a dévasté le centre-ville de Dnipro, une grande ville ukrainienne. Entre-temps, l’administration de Biden accélère l’envoi de 7 milliards de dollars à l’Ukraine, et presse Kiev d’abaisser l’âge légal de la conscription de 25 à 18 ans, ce que jusqu’à aujourd’hui le gouvernement ukrainien a refusé face au risque d’opposition de la population.
Cette surenchère de l’escalade guerrière, soldats et civils la payent de leur vie, mais c’est dans le confort des bureaux de la Maison blanche, de l’Élysée et dans les hôtels de luxe où se réunissait le G20 il y a deux semaines, qu’elle a été décidée. L’objectif de l’administration de Biden, tout comme des dirigeants européens, est de rouler des mécaniques à la suite de l’élection de Trump, qui a fait de la conclusion d’un accord avec Poutine une de ses promesses de campagne. En cas d’ouverture des négociations, les dirigeants impérialistes veulent améliorer leur position de force face à Moscou, et se moquent bien de provoquer au passage de nouvelles saignées en Ukraine et en Russie.
Vers une négociation avec Poutine ?
Quelles sont les intentions précises du gouvernement Trump en réalité ? Personne ne le sait, et peut-être même pas lui. Ce qui est sûr, c’est que dans la politique internationale des États occidentaux, c’est l’intérêt de l’impérialisme américain qui décidera finalement.
Trump, lui, représente la fraction de la bourgeoisie américaine qui souhaite se dégager de la guerre en Ukraine… pour se concentrer sur le conflit avec la Chine, avec qui elle a déjà engagé une guerre commerciale. À ce propos, le futur conseiller à la sécurité nationale de Trump, Mike Waltz, déclarait en octobre « Est-il de l’intérêt de l’Amérique de déployer du temps, de l’argent, des ressources, dont nous avons cruellement besoin actuellement dans le Pacifique ? ».
Alors depuis l’élection de Trump, les dirigeants européens de second rang du camp impérialiste adaptent leurs manœuvres.
Zelenski a déclaré pour la première fois, qu’il était prêt à faire des concessions territoriales « temporaires » si un accord avec Poutine pouvait mettre fin à « la phase chaude de la guerre ». Il admet ainsi que même si les diplomates des deux camps prétendent élaborer un accord de « paix », il ne s’agirait en fait que d’un gel partiel et provisoire du conflit, comme avec la Corée.
Les capitalistes européens salivent
En échange de l’abandon « temporaire » des territoires contrôlés par la Russie, Zelenski demande la protection par l’OTAN des territoires contrôlés par l’État ukrainien. Cependant, Poutine s’oppose complètement à toute forme d’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, et Trump a déjà signalé qu’il pourrait s’accorder avec lui sur ce point, afin de permettre la signature d’un accord.
C’est dans ce contexte que le journal français « Le Monde » révèle que Macron et le Premier ministre britannique Starmer « n’excluent pas prendre la tête d’une coalition européenne » qui enverrait des troupes en Ukraine. En ont-ils vraiment l’intention ou même les moyens ? Ce qui est sûr, c’est que ceux-là envisagent de profiter du potentiel désengagement des USA pour accroître leur propre influence dans le jeu d’échecs sanglant joué en Ukraine… pour mieux y défendre les intérêts de leurs capitalistes nationaux.
La défense de l’Ukraine a beau s’être faite au nom du patriotisme, de la défense de la démocratie, des « valeurs » et de la sécurité européennes, elle n’en reste pas moins une guerre de pillage dont se rassasient les capitaux occidentaux, et en particulier européens.
Sur les dix plus grosses entreprises qui possèdent dorénavant le plus de terres agricoles en Ukraine, sept ont leur siège social en Union européenne et une aux USA. Les marchands d’armes, comme la filiale belge de Thales, font aujourd’hui produire une partie de leurs engins de mort directement sur le territoire ukrainien. Les financiers, comme l’américain BlackRock, le français Amundi ou le gestionnaire de fonds Pimco, qui ont prêté des milliards au gouvernement de Zelenski, comptent bien récupérer leur mise, avec les intérêts, en faisant payer la population. Les infrastructures, comme les télécommunications, sont aussi des proies de choix pour les vampires en costume trois pièces : en septembre, le milliardaire français Niel, mettait la main sur Lifecell, le troisième opérateur mobile en Ukraine. Et puis, une fois le conflit « gelé », ce seront les milliards des contrats de « reconstruction » qui viendront alimenter les profits des capitalistes allemands, français, anglais, belges…
Ainsi, pour les dirigeants européens, disposer de troupes directement sur le sol ukrainien signifierait disposer de leur propre milice sur place pour protéger, non pas la population ukrainienne ou l’Union européenne… mais leurs investissements ! Y compris contre l’opposition de la population ukrainienne !
Les populations comme chair à canon
Pour l’heure, tout en cherchant à avoir le plus d’atouts en main pour arriver à la table des négociations, les dirigeants de Kiev comme ceux de Moscou font la chasse à la chair à canon. Mais l’opposition de la part des populations augmente, et ces États accroissent la répression.
En Ukraine, on parle de plus de 170.000 déserteurs. Les frontières par où les hommes pourraient s’enfuir se couvrent chaque jour davantage de barbelés. Les rafles de mobilisables récalcitrants se font de plus en plus violentes et expéditives.
En Russie, le régime tente d’appâter les volontaires avec des soldes et primes d’engagement qui peuvent atteindre des années de salaire. Mais cela ne suffit pas et Poutine vient de signer une loi qui annule les dettes jusqu’à 92.000 euros pour les engagés ! Autant dire que cela vise les plus pauvres, qui ne peuvent pas survivre sans s’endetter.
En Russie comme en Ukraine, la guerre ne fait qu’accroître la lutte menée par les parasites au pouvoir contre les travailleurs. Le régime russe vient d’envoyer en prison préventive et d’accuser de liens avec les services secrets ukrainiens un syndicaliste d’AZ Oural. Évidemment, puisqu’il appelait… à un débrayage pour l’intégration d’une prime au salaire !
Cette répression contre toutes les oppositions démontre ce que craignent Poutine, Zelensky et leur engeance : que la classe ouvrière se révolte et veuille emporter la victoire, non pas contre le travailleur du pays d’à côté, mais contre ses propres exploiteurs.