La vague de colère née aux Etats-Unis suite à l’assassinat de George Floyd s’est répandue dans le monde entier. Des centaines de milliers de manifestants se sont rassemblés pour dénoncer le racisme et les violences policières. En Belgique, des rassemblements ont été organisés dans plusieurs villes du pays pour culminer avec plus de 10 000 manifestants à Bruxelles le 7 juin.
L’ampleur de ces manifestations résulte d’un malaise social grandissant car, à la révolte légitime contre le racisme et les violences policières, viennent s’ajouter la menace du chômage, la précarité des emplois et l’impossibilité de mener une vie digne pour un nombre toujours plus grand de travailleurs.
Cette vague d’indignation a aussi débouché dans plusieurs pays sur la mise en cause de symboles de la période coloniale ou esclavagiste, en déboulonnant des statues à l’effigie d’anciens esclavagistes ou en réclamant le changement de noms de rues. En Belgique, ce sont en particulier les statues du roi Léopold II qui sont visées.
On ne peut qu’être solidaire de cette volonté de dénoncer ces symboles et de rétablir la vérité sur ces esclavagistes et colonialistes dont les statues et le nom de rues nous rappellent sur quelles bases s’est développée la société capitaliste dans laquelle nous vivons, avec ses injustices, ses oppressions, ses assassinats.
Léopold II, deuxième roi de Belgique au 19ème siècle, a bâti sa fortune en exploitant de manière personnelle le Congo pendant plus de 20 ans. Il l’a cédé à l’État belge à la suite des scandales de mutilations et de sévices mortels à l’encontre des Congolais. Le Congo, deuxième plus grand pays d’Afrique, grand comme 80 fois la Belgique, avait un sous-sol gorgé de richesses, comme l’or et le cuivre, en plus d’être une réserve de lianes à caoutchouc qui rapportait une fortune en plein développement de l’automobile.
Pour s’accaparer ces richesses, Léopold II a réduit des millions de Congolais au travail forcé, en en faisant mourir plus de 10 millions par la brutalité de la conquête, le travail forcé, les sévices et la faim.
En prenant la suite de Léopold II avec la colonisation du Congo, l’État et la bourgeoisie belge se sont fortement enrichis.
Les travailleurs des colonies ont payé le prix fort à l’exploitation capitaliste. Et à l’époque de Léopold II, les travailleurs belges subissaient de leur côté des journées de 14 à 16 heures de travail, le travail des enfants et n’avaient aucun droit social ou politique. Pour écraser les grèves ouvrières réclamant de meilleures conditions de travail, le droit d’avoir un syndicat, etc… Léopold II envoyait la police et l’armée tirer sur les grévistes. Il était toujours dans son rôle d’aider la bourgeoisie à réaliser le plus de profits.
Si les statues de Léopold II, de négriers, et de généraux responsables de la mort de millions de travailleurs ornent toujours les rues aujourd’hui c’est bien parce que la société capitaliste n’a pas fondamentalement changé depuis la période coloniale. Elle est toujours basée sur l’exploitation des travailleurs par la bourgeoisie et par le pillage des ressources des anciennes colonies. Il n’y a pas eu de réelle décolonisation. Les richesses d’Afrique, d’Asie sont encore aujourd’hui pillées par la bourgeoisie occidentale.
Alors que toute l’humanité est parente, qu’il y a très peu de différence d’un individu à l’autre, le capitalisme s’est construit en divisant. En divisant les peuples par des frontières, en s’appuyant sur la division entre hommes et femmes, entre jeunes et vieux, selon la couleur de la peau… Pour maintenir sa domination, la bourgeoisie a besoin de diviser les populations qu’elle exploite. Elle a besoin du racisme et en fait un puissant poison de division.
Il est à espérer que les jeunes qui manifestent aujourd’hui pour dénoncer le racisme arriveront à la conscience que pour se débarrasser du racisme comme de toutes les oppressions, c’est l’ensemble du système capitaliste qu’il faut abattre.
Aujourd’hui, partout, les patrons intensifient l’offensive contre le monde du travail, pour sauver leurs profits malgré la crise économique. De nombreux licenciements sont annoncés, comme à Swissport, à Avery Denisson, dans l’automobile…. Et la charge de travail est toujours plus lourde sur les épaules de ceux qui ont encore un emploi. Il va falloir se battre pour imposer au patronat la répartition du travail entre tous, sans perte de salaire ! Et dans les luttes qu’il faudra mener pour assurer un emploi à chaque travailleur, la solidarité entre tous, quelle que soit sa nationalité, son sexe, sa couleur est indispensable !