Après les révoltes au Bangladesh en août 2024, c’est au Népal, en Indonésie, au Maroc, aux Philippines, à Madagascar, au Pérou que la jeunesse se mobilise massivement ces dernières semaines.
Parce qu’elle s’oppose à la misère et au chômage, ce sont les balles de la répression qu’elle affronte avec courage et détermination, sans se laisser freiner.
Ces mouvements de jeunes, se donnant le nom « GenZ », protestent contre les conditions de vie de plus en plus désastreuses et dirigent leur colère contre les politiciens et la corruption. Mais à chaque fois, la chute ou le départ des gouvernements laisse la place aux militaires, qui reprennent les rênes de l’appareil d’Etat pour eux-mêmes, pour la bourgeoisie locale, et surtout pour que le capitalisme soit maintenu et que rien ne change.
L’exemple malgache
Le 25 septembre, les coupures d’eau et d’électricité qui pourrissent l’existence de la population de Madagascar ont déclenché des manifestations quotidiennes des étudiants et jeunes.
Le pouvoir du Président Rajoelina a répondu par une répression sauvage menée par la gendarmerie et la police, qui a fait au moins 22 tués et plus d’une centaine de blessés.
Ne perdant pas leur courage, les jeunes sont descendus de plus en plus nombreux dans les rues jusqu’au 11 octobre, jour où un tournant du mouvement a lieu lorsque des soldats ont rejoint les cortèges de manifestants.
Une unité de l’armée, le Capsat, a appelé ses hommes à refuser les ordres de tirer sur les civils. Les soldats ont alors ouvert le feu sur un véhicule de la gendarmerie et se sont adressés aux autres corps de l’armée pour les gagner à la mutinerie.
L’armée malgache étant traversée par différents courants politiques, les seuls corps véritablement fidèles au Président étaient la gendarmerie et la police.
Et à partir du coup de force du Capsat, voyant que le régime risquait d’être renversé, les chefs militaires se sont ralliés un par un à la mutinerie contre Rajoelina.
Ainsi, le 13 octobre, ce Président fuyait le pays à bord d’un avion militaire français, pendant que les chefs militaires prenaient la tête des cortèges de manifestants, tentant de reléguer à l’arrière la GenZ, et du même coup, ses revendications.
Le lendemain, après que l’Assemblée nationale ait voté la destitution de Rajoelina, les militaires annonçaient qu’ils prenaient le pouvoir.
Une portée internationale
Ces mouvements montrent que des jeunes ayant grandi dans des pays différents, à plusieurs milliers de kilomètres de distance, se révoltent et se rassemblent aujourd’hui autour de préoccupations semblables et avec des symboles communs de lutte contre l’oppression. C’est une démonstration, s’il en fallait encore, que l’avenir dépendra de luttes internationales.
Quelle perspective ?
Face à ces révoltes de la jeunesse, ce sont généralement les forces armées organisées qui récupèrent le pouvoir. Sur quelle force et quelle organisation la jeunesse peut-elle s’appuyer pour pouvoir « changer tout le système », tel que le formule un jeune malgache devant un reporter ?
Dans tous ces pays, il existe une classe ouvrière nombreuse et extrêmement exploitée. Les mobilisations de la jeunesse ne suffisent pas, il faudra que les travailleurs participent aux révoltes et en prennent la tête pour imposer des améliorations de la vie, jusqu’à renverser le système capitaliste quand ils en auront la force.
Et la jeunesse politisée a un rôle à jouer pour aider les travailleurs à prendre conscience et s’organiser.
