Trafic d’armes, une spécialité capitaliste

Le procès d’un russo-suédois pour transmission de technologies militaires occidentales à la Russie a révélé un réseau clandestin d’entreprises capitalistes passant notamment par la Belgique et la Suède. Le trafic durait depuis dix ans. En réalité, il s’agit là d’un des nombreux réseaux par lesquels transitent les armes sorties des usines d’armement européennes ou américaines, qui leur permettent de continuer à vendre aux dictatures et autres régimes corrompus malgré toutes les sanctions ou interdictions existantes, avec la complicité des services secrets.

On peut citer le trafiquant d’armes Jacques Monsieur, arrêté en 2018 et condamné à quatre ans de prison malgré une vie entière de trafic d’armes. Il avait commencé comme employé aux service d’achat de l’armée belge et gardera toute sa vie des liens avec des hauts gradés. Après avoir armé le régime des Ayatollah en Iran, il fournit en 1985 des armes aux phalanges libanaises, une organisation paramilitaire qui a assassiné entre 800 et 2 000 civils palestiniens pendant la guerre du Liban. Il ouvre ensuite sa société Matimco en face du siège de l’OTAN pour qui il effectuera diverses missions de renseignements, partageant ses locaux avec Claudine Fraiture, une experte du Parti Socialiste. En 1991, on le retrouve livrant des armes au régime angolais pour le compte de l’entreprise pétrolière française Elf. Il fournit encore la Bosnie et la Croatie pendant la guerre de Yougoslavie, le Congo Brazzaville et l’Afrique du Sud. Tout au long de sa carrière, il a des liens avec les services secrets de Belgique, de France, des États-Unis, d’Israël et d’Espagne, travaillant alternativement pour le compte des uns et des autres.

Plus récemment, en 2022, c’est le belge Thierry Lakhanisky qui était arrêté pour trafic d’armes en vue de préparer un coup d’État en RDC. L’enquête a montré que les services de renseignements belges possédaient des milliers de documents classés secrets sur lui, et qu’il avait notamment armé des pays sous embargo comme la Libye après la chute de Kadhafi. La presse a aussi révélé qu’il effectuait régulièrement des missions de “transport sensible” pour le compte de la Sûreté de l’État (les services secrets belges).

L’armement des dictatures pour sécuriser le pillage impérialiste et s’enrichir par la vente d’armes fait partie de la nature même du capitalisme. Ce ne sont pas les décisions d’embargo prises par l’ONU ou par les États pour faire bonne figure qui vont l’arrêter.