C’est la valse des prix. Les factures d’énergie ont explosé. En un an, le prix de l’électricité a augmenté de 49%, celui du gaz de 139%, le gasoil de chauffage de 57% et les carburants coûtent 27% de plus. Et quand on remplit son caddie, c’est pareil, les céréales, le pain, la viande, les légumes, tout augmente.
Pour beaucoup de travailleurs, ce n’est plus tenable. Et le pire est à venir. Du boulanger au restaurateur, tous nous disent qu’ils vont devoir augmenter les prix pour faire face à l’augmentation des matières premières. Et les prix de l’énergie resteront élevés tant que les spéculateurs pourront profiter des tensions sur le gaz et le pétrole créées notamment par la guerre en Ukraine.
Notre portefeuille nous rappelle, jour après jour, la gravité de la situation. Nous la mesurons aussi par les ruptures de chaînes d’approvisionnement et la désorganisation dans les entreprises. Alors, il n’est pas nécessaire d’être économiste ou spécialiste des relations internationales pour réaliser que le monde s’enfonce dans une phase de crise aiguë.
Il faut nous préparer à défendre notre pouvoir d’achat.
Ce que les politiciens appellent l’inflation n’est rien d’autre qu’un prélèvement supplémentaire sur les travailleurs au profit de la minorité capitaliste qui domine l’économie.
Car les prix n’augmentent pas tout seuls. Le patronat des grandes entreprises fixe ses prix. Il a donc le pouvoir de répercuter les hausses qu’il subit. C’est une façon d’indexer les bénéfices et les dividendes, c’est-à-dire les revenus des plus riches sur l’inflation, mais c’est refusé aux salariés.
Les patrons sont bien décidés à garantir leurs profits en faisant payer les travailleurs. Début mai, le patronat belge, par la voix de la FEB, annonçait son plan d’attaques contre le monde du travail. Baptisé « Horizon Belgique 2030 », il prévoit, entre autres : de supprimer l’indexation automatique des salaires, supprimer le statut des fonctionnaires, supprimer leur régime de retraite et faciliter leurs licenciements. Ils veulent aussi diminuer l’impôt des sociétés à 20%. Et affaiblir les syndicats en les dotant de la personnalité juridique, en diminuant la protection des syndicalistes, en leur enlevant la gestion du chômage.
Les mesures mises en place par le gouvernement pour les travailleurs sont de la poudre aux yeux.
L’indexation des salaires de la fonction publique de 2% qui devrait se produire en mai, ne rattrape même pas le chiffre officiel de l’inflation qui est de plus de 8% en avril. Et la baisse de la TVA sur l’énergie, l’extension du tarif social… ne sont que des aumônes qui allègent au mieux les factures de quelques centaines d’euros et sont finalement des financements indirects aux producteurs énergétiques. Ils masquent le vrai problème : les profits faramineux de ces entreprises.
Les mesures des gouvernements sont toujours au service de la bourgeoisie. Il en va de même des mesures fiscales. Ainsi la réforme envisagée par le ministre des Finances, censée « améliorer la fiche de paie » des travailleurs en diminuant les impôts sur les revenus, pourrait être financée, en supprimant les chèques repas, taxant les allocations familiales, augmentant la TVA à 22% et en réduisant de 1,9 milliard d’euros les dépenses publiques. Bref en prenant dans une poche ce qu’ils mettent dans l’autre. Mais pas question de s’en prendre aux profits.
Pour « améliorer notre fiche de paie », la seule solution est d’imposer des augmentations de salaire. Et cela dépend d’abord de nous-mêmes, du rapport de force collectif que nous serons capables de construire contre le grand patronat. Car c’est dans ses poches que se trouve l’argent.
Nous ne sommes pas en mesure d’empêcher la crise et d’arrêter la flambée des prix, mais nous pouvons nous battre pour ne pas en faire les frais. À l’inverse des capitalistes, nous n’avons pas de marge, nous n’avons pas de milliards en réserve, il nous faut l’intégralité de notre pouvoir d’achat !
Les syndicats appellent à une manifestation le 20 juin pour le pouvoir d’achat. Les directions syndicales mettent en avant la suppression de la loi de 96, qui, disent-elles, les empêche de négocier des augmentations de salaire. Mais loi ou pas, le patronat refuse de diminuer ses profits.
Alors il faudra retrouver le chemin des luttes d’ensemble et déterminées pour le faire payer. Une manifestation ne suffira pas à changer le rapport de force, mais nous pouvons nous saisir de l’occasion pour mobiliser autour de nous et mettre en avant nos revendications : si les prix augmentent, eh bien, que les salaires, les allocations et les pensions augmentent dans la même proportion !