Le monde patronal accuse la FGTB de tous les maux. Les patrons qualifient les actions de vendredi de « totalement déplacées et irresponsables » ; elles auraient fait perdre 20 millions d’euros aux entreprises et nuiraient à « l’image de notre pays » aux yeux des multinationales. Quant aux revendications salariales, les patrons nous prédisent des suppressions d’emplois et l’augmentation des prix si les salaires devaient être augmentés.
Les patrons se moquent de nous! Ils n’ont pas attendu les actions syndicales pour licencier et ils ont prouvé maintes fois qu’ils savent très bien ET baisser les salaires ET licencier. Les prix augmentent déjà alors que nos salaires sont quasiment bloqués à cause d’un index qui ne reflète absolument pas l’augmentation réelle des prix.
Si, deux ans à peine après la crise financière, les grandes entreprises et banques affichent à nouveau des profits record, c’est parce que les banquiers et les capitalistes font payer la crise aux travailleurs.
Et plus les capitalistes appauvrissent les travailleurs, les retraités, les chômeurs, moins ils vendront. Alors pour maintenir leurs profits ils chercheront à imposer d’autres sacrifices aux travailleurs et à toute la population.
C’est une spirale infernale qui nous mène vers une nouvelle crise encore plus grave. Seule la lutte des travailleurs pourra éviter cette nouvelle crise, en imposant des embauches massives et des augmentations de salaires importantes, en prenant bien sûr sur les profits. C’est pourquoi la journée du 4 mars ne doit être qu’un début.
La grande majorité des travailleurs a soutenu le mouvement de grève, quasiment personne ne s’est présenté aux portes des entreprises bloquées voulant aller travailler.
Mais des militants syndicaux ont souvent pu mesurer qu’il n’était pas simple de convaincre les collègues de se joindre aux actions.
Un des freins était la division : La CSC n’a pas appelé à la grève, ce qui n’a pas empêché les travailleurs affiliés à la CSC de soutenir le mouvement et parfois même de venir renforcer les piquets. La CGSP non plus n’a pas appelé à la grève et a informé ses affiliés au dernier moment qu’elle couvrirait des actions éventuelles. Mais les dirigeants de la FGTB n’ont pas favorisé le rassemblement non plus. Ils ont préféré éclater le mouvement en de petites actions à quelques dizaines et chacun chez soi, les uns à bloquer le port d’Anvers, les autres à mener des actions à Liège. Pourtant beaucoup de travailleurs ressentent le besoin de se retrouver, travailleurs et militants, wallons et flamands.
Les mots d’ordres eux-mêmes n’étaient pas faits pour unifier. L’accord interprofessionnel ne concerne pas les travailleurs du public. Pourtant, eux aussi subissent des suppressions de postes, des aggravations des conditions de travail et le gel des salaires. Et on ne pourrait pas se battre ensemble pour nos salaires et nos emplois ?
Les dirigeants syndicaux ne réclament pas une augmentation pour tous, en prenant sur les profits, mais une « marge de négociation dans les entreprises qui font du profit ». L’insuccès de ce genre de négociations éclatées est pourtant évident depuis des années. Et puis, les travailleurs dans les plus petites entreprises, n’ont-ils pas besoin d’une augmentation aussi ? Ne devraient-ils pas pouvoir se joindre au mouvement et le rendre plus fort ? C’est quand les patrons craignent pour leurs profits, voire pour leur propriété et leur pouvoir, qu’ils trouvent les milliards qui permettent ces augmentations…
Les dirigeants syndicaux veulent surtout que les patrons se « concertent » avec eux, à la table des négociations. Ils se refusent à mobiliser toute la force de la classe ouvrière dans un mouvement puissant qui pourrait faire craindre aux patrons pour leurs profits et leur pouvoir.
Mais les négociations menées en refusant le rapport de force amènent défaites sur défaites. Non seulement, cette politique a largement contribué à laisser les mains libres à la bourgeoisie depuis des années, mais elle a aussi contribué à faire perdre aux travailleurs la confiance dans leur propre force et dans les syndicats. Et elle a entraîné l’isolement des militants combatifs dans les entreprises.
Alors oui, le 4 mars ne doit être qu’un début. A la FGTB il est question d’une nouvelle journée le 24 mars, dans trois semaines, date d’un sommet européen. Faisons en sorte d’y être le plus nombreux possible. Ne les laissons pas dire que nous ne nous sommes pas mobilisés. Utilisons ces occasions pour renouer les liens entre nous, pour discuter de nos propres objectifs, pour préparer la riposte qui est plus nécessaire de jour en jour.