Titres « service » pas titre « esclave »

En 2022, l’entreprise de nettoyage industriel Laurenty se lançait dans l’activité « titres-services » et reprenait l’agence de titres-services Esiol à La Louvière. Après à peine un an, Laurenty trouve le secteur « pas suffisamment rentable », passant son activité « titres-services » à la firme Trixxo.

Un beau matin d’août, les près de 100 aides ménagères de la région du Centre ont donc reçu un message de leur employeur les convoquant à une assemblée du personnel le même jour. Assemblée où il leur était annoncé qu’elles seraient reprises par Trixxo. Depuis lors, Trixxo n’arrête pas de faire pression sur les travailleuses pour signer un nouveau contrat, ce qu’elles ont presque toutes refusé jusqu’à présent.

« Nous ne faisons aucune confiance. Le nouveau contrat qui nous est proposé ne reprend pas les anciennetés, ou plutôt : il ne reprend que l’ancienneté chez Laurenty, c’est-à-dire un an. Or, certaines collègues travaillent depuis 10 ou 15 ans, voire plus. C’est déjà scandaleux de travailler pour 14 € et quelques centimes par heure avec 15 ans d’ancienneté, mais là, ça signifie redescendre à 13 € et des poussières !

Trixxo ne respecte pas le minimum de la législation sociale. Par exemple, quand quelqu’un est malade, le nouveau patron nous interdit de quitter la maison, nous menaçant d’envoyer le médecin-contrôle. Et cela même si on a un certificat avec permission de sortir. Or, beaucoup parmi nous sont des femmes qui élèvent leurs enfants seules. Comment faire pour les amener à l’école, etc. ? En tant que maman seule, même quand on est malade, on ne peut pas se permettre de rester couchée ! Et c’est vraiment nous traiter comme des criminelles !

Ensuite, Trixxo veut nous imposer des horaires fixes. Presque personne parmi nous n’a un temps plein, et de toute façon, il est physiquement impossible de nettoyer huit heures par jour, du lundi au vendredi, tout en gérant son ménage et sa famille. À 40 ans et souvent bien avant, nos corps sont usés ! Or, avec les heures fixes (p. ex. de 8 à 12h tous les jours), des collègues racontent qu’au Forem, on leur refuse le complément chômage, leur disant qu’elles doivent chercher un travail pour l’autre moitié de la journée aussi.

On a vraiment l’impression que l’étau se resserre toujours plus. Les patrons profitent de nos difficultés. Et où que tu te tournes, on te crée encore plus de difficultés. Et combien de temps, avant que Trixxo ne revende à un autre exploiteur encore pire ? »