Je travaille pour un traiteur d’une grande enseigne de supermarché très connue. La plupart du temps je suis seule à mon comptoir. En plus, comme je ne suis pas embauchée par le supermarché mais par le sous-traitant, cela crée encore plus de distance avec les autres travailleurs et j’ai très peu de contacts avec mes collègues.
Mon contrat prévoit 38h de travail par semaine. En réalité, je fais bien plus. Les 38h sont réparties sur 6 jours, mais comme il y a des heures supplémentaires tous les jours, et que ce sont des longs trajets, je ne suis jamais à la maison !
Pour nous garder plus tard, on nous donne des objectifs énormes. Par exemple aujourd’hui je dois produire l’équivalent de 1000 € de plats préparés par jour, et ce chiffre augmente régulièrement, alors qu’on est moins nombreuses à travailler ! Quand je compare ça avec mon salaire je vois bien combien les patrons me volent, surtout que les ingrédients ne valent pas très cher dans le prix final.
Malgré tout je veux que le travail soit bien fait, je fais les choses vite et bien et je range toujours en fin de journée pour commencer la journée de manière agréable. Mais parfois je suis envoyée dans d’autres magasins, ou je prends congé, et c’est quelqu’un d’autre qui reprend mon travail. Ce sont souvent des intérimaires, qui sont censés faire autant que moi mais sans expérience et sans formation. Donc souvent, ils n’ont pas le temps de ranger et je me retrouve avec beaucoup plus de travail le lendemain. Cela fait que j’hésite beaucoup avant de prendre des congés, ou de m’arrêter quand je suis malade, car je sais que je vais avoir une plus grosse charge de travail. Et les chefs osent se plaindre de ces intérimaires, alors que ce sont eux qui imposent les cadences et les heures supplémentaires.
Ah oui, est-ce que je vous ai dit que les heures supplémentaires n’étaient la plupart du temps pas payées ! Ce sont les chefs qui notent mes heures, et souvent ils notent moins que ce que j’ai fait réellement. Et je sais très bien que si je me plains je risque de perdre mon boulot, car il y a beaucoup de monde qui cherche du boulot et qui pourrait reprendre ce poste.