Je suis un ouvrier d’une entreprise de parc et jardin qui a dû s’occuper de déneiger les infrastructures de ma ville pendant les deux jours de chutes de neige.
Après avoir fait mon travail de nuit et les deux heures de trajet pour rentrer chez moi, je reçois un appel qui demande que je revienne travailler en urgence. On doit recommencer à travailler à 14h de l’après-midi mais on n’a aucune information de l’heure à laquelle on termine. Le travail est physique, on déneige à la main avec des pelles, il y a les sacs de sel à transporter du camion,…
A partir d’un moment, la fatigue et le froid sont tels que je ne marche plus droit, mon corps est engourdi ainsi que celui de mes collègues. A 4h du matin, j’appelle mon chef pour lui dire que physiquement ce n’est plus possible et que c’est dangereux de continuer, qu’il faut qu’il fasse cesser le travail.
Sa réponse ? « J’aurais honte de vouloir rentrer ! » Mais c’est à lui d’avoir honte de nous faire travailler autant d’heures et dans un froid pareil ! C’est évident que les routes doivent être déneigées, mais il faudrait embaucher plus de monde pour alléger le travail ! Surtout qu’il y a eu récemment des licenciements ! Le patron et ses chefs nous poussent à bout et empêchent que le travail soit bien fait !
Sa réponse me rend furieux, le mépris des chefs montre qu’ils nous voient comme des esclaves, à faire ce qu’ils décident pour remplir les poches du patron.
Je me jette de la neige sur le visage et la nuque pour me réveiller et me remettre à travailler pendant trois heures de plus. A 7h du matin, après 17h de travail, on rentre au dépôt. Je roule les fenêtres ouvertes et envoie de l’air conditionné sur mon visage car j’ai peur de faire un accident sur la route.
Comme partout ailleurs, c’est la guerre au travail. Les chefs maintiennent la pression et nous divisent en permanence. Comment ? Ils n’hésitent pas à licencier des gars qui ont bossé pendant plus de 20 ans pour des broutilles. Mais la dictature des chefs ne durera pas éternellement !