Témoignage d’un ouvrier de Viangro

Je travaille dans une usine de transformation alimentaire à Bruxelles. Comme partout, c’est la guerre du patron contre les travailleurs. Les chefs au service du patron font tout pour maintenir la pression, ils vont chercher des moyens de pression contre chaque travailleur, comme un permis de travail qui ne peut être renouvelé que par le patron, ou un emprunt qu’on doit rembourser chaque mois.

De nombreuses machines sont cassées, les PC et les logiciels sont beaucoup trop vieux, et pourtant on nous impose des cadences beaucoup trop élevées. Quand la machine tombe en panne, ça retombe sur nous, avec des chefs qui viennent nous crier dessus, pour nous mettre la pression, et nous faire accepter des heures supplémentaires. Mais ils ne veulent pas dépenser un centime pour remettre les machines en état.

Dans les frigos, ce sont les aérations qui sont cassées, et les traces d’humidité s’accumulent sur les murs, ce qui met en danger les travailleurs mais aussi les produits. Des traces pareilles, ça ne passerait pas les contrôles, mais comme la direction est prévenue à chaque fois à l’avance, elle a le temps de nettoyer les traces d’humidité…

De manière générale, les patrons ne mettent pas les moyens pour le nettoyage. Les toilettes des ouvriers sont dégueulasses, et il y a régulièrement des flaques de graisse sur le sol, ce qui provoque des accidents. 

Les patrons embauchent des intérimaires ou des CDD en promettant des contrats à la clé. Mais la plupart restent en CDD bien au-delà de la durée légale. Et quand les 230 jours d’intérim maximum sont dépassés, ils imposent simplement à l’intérimaire de changer de boîte d’intérim.

En plus, en tant qu’intérimaire, on ne reçoit même plus de gants pour le froid, soi-disant qu’il n’y aurait pas le budget… Et comme les chefs savent qu’on ne peut rien dire, ils nous font transporter les palettes les plus lourdes avec un transpalette manuel, car il n’y a pas assez de transpalette électrique.

On doit se battre pour tout. Pour la pause par exemple, on a 30 minutes, mais il faut plus de 5 minutes pour arriver à la salle de pause. La direction avait dit que ces 5 minutes ne seraient pas comptées dans la pause. Mais à chaque fois les chefs nous engueulent pour notre retard et nous retirent le déplacement du temps de pause. Pareil pour la cantine, normalement, on reçoit chaque semaine de l’argent qui peut être dépensé à la cafétéria. Mais dès qu’on a une minute de retard, on perd tout l’argent de la semaine !

Ça ne peut pas continuer comme ça ! Il faut que ça change ! Physiquement et mentalement c’est de la torture. Pour l’instant, la majorité a peur des pressions des chefs, peur de perdre ce boulot. Ils ont réussi à ce qu’il n’y ait pas de grève ici pendant des années. Mais cette usine est tellement violente… la peur finira par changer de champ !