Intérimaire, j’ai travaillé dans plusieurs grandes surfaces depuis le début du confinement.
La situation varie fortement d’une enseigne à l’autre, voir même dans certains cas d’un magasin à l’autre de la même enseigne.
La mise à disposition d’un matériel de « sécurité » varie également selon l’enseigne.
Si les solutions hydro-alcooliques sont monnaie courante, il n’en est pas de même pour les masques par exemple. Il m’est déjà arrivé de m’entendre dire que je n’avais pas droit à un masque car je n’étais qu’un intérimaire et que le stock était déjà assez limité pour les membres du personnel !
Dans certains endroits (atelier de boucherie ou de boulangerie), la distanciation sociale est difficile. Aux caisses, des plexis sont mis en place pour limiter les contacts avec les caissières et les paiements bancontact sont conseillés mais pas imposés.
Les entrées sont filtrées pour respecter les restrictions d’un client par 10m2, d’un client par caddie, etc. Dans certains magasins, c’est un agent de sécurité qui est là, dans d’autres, un tour est organisé et un membre du personnel doit veiller au bon respect des règles imposées, ce qui affaiblit l’équipe du magasin face à une charge de travail qui ne diminue pas.
Dans toutes les grandes enseignes, d’importantes suppressions de personnel ont eu lieu ces dernières années, accompagnées de baisses de salaires et d’une augmentation de la flexibilité.
On travaillait déjà constamment à la limite de la surcharge de travail dans les supermarchés et déjà, avant la crise du Coronavirus, il était parfois difficile d’approvisionner les étalages en temps et en heure. C’est dire que dans la situation actuelle, c’est parfois devenu simplement impossible !
Car, d’un côté, les étagères ont été vidées, et de l’autre, le virus a diminué parfois drastiquement le nombre de personnel disponible. Tantôt les personnes sont malades, tantôt elles sont à risque où vivent avec des personnes à risque. Certains se sont aussi portés malades voyant que rien ou pas grande chose n’est fait pour protéger leur santé. On ne peut vraiment pas le leur reprocher.
Les collègues manquants ne sont pas forcément remplacés par des personnes supplémentaires. Et quand remplacement il y a, c’est avec des contrats précaires journaliers qu’il faut former dans un environnement de travail déjà surchargé.
C’est révoltant de voir ces travailleurs obligés de prendre des risques importants, tout en pouvant être jetés dehors à n’importe quel moment.
Bref, les heures s’enchaînent, les remerciements des patrons sont légions sur les réseaux sociaux ou à la télévision, mais aucune compensation de quelque nature que ce soit n’est à l’horizon.
Au contraire, dans ce contexte, le gouvernement a donné la permission aux magasins de rester ouverts 7 jours sur 7 et de 7 heures à 22 heures (au lieu de 8h à 20h). Là où j’ai travaillé, ce n’était pas appliqué pour l’instant, mais pour combien de temps encore? Certains magasins se servent-ils de ces plages horaire pour faire remplir les rayons?
C’est une vieille revendication patronale qui se trouve ainsi satisfaite. Et rien ne dit que cette mesure sera abolie après le confinement, quand le patronat ne manquera pas de tenter de nous imposer d’autres sacrifices pour soutenir la santé… de ses profits.
C’est toujours aux mêmes qu’on demande des sacrifices. Mais la colère s’accumule chez moi et mes collègues et elle ne restera pas confinée éternellement.