Depuis le mois de juin 2024, les cinq partis de la coalition « Arizona » (N-VA, MR, Les Engagés, Vooruit, CD&V) négocient la formation du prochain gouvernement fédéral.
Alors que les capitalistes accumulent les profits, multiplient les licenciements et les plans de restructuration, ils exigent que le futur gouvernement coupe dans les pensions, les allocations, les salaires, l’hôpital pour financer le remboursement de la dette, les aides aux entreprises et les dépenses militaires.
Les partis du futur gouvernement s’arrangent maintenant sur la manière de faire supporter cette charge à la population, car ils pourraient y perdre des voix aux prochaines élections.
Les mesures envisagées par les négociateurs ont été publiées dans la presse. Et si on ne sait pas encore si elles seront toutes adoptées, leur publication est sans conteste une déclaration de guerre aux travailleurs.
Pensions : travailler plus longtemps pour gagner moins
Au prétexte de faire des économies, les partis de l’Arizona prévoient de coupes massives dans les pensions de retraite.
Secteur public ou privé, tous les travailleurs risquent bien de voir leur pension rabotée ou repoussée dans le temps.
Par exemple, les pensions des fonctionnaires ne seraient plus calculées sur les dix meilleures années – comme c’est le cas aujourd’hui – mais sur toute la carrière, ce qui les ferait évidemment baisser. Le système des « tantièmes » qui permet aux fonctionnaires, en particulier les enseignants, de partir quelques années plus tôt et de bénéficier d’une retraite un peu plus élevée, serait aussi supprimé. Même chose pour les régimes spéciaux du personnel roulant de la SNCB et des militaires : chaque année l’âge de leur pension augmenterait d’un an.
Les travailleurs du secteur privé sont aussi concernés. En particulier tous ceux qui ont alterné des périodes de travail et de chômage. Dans les plans du futur gouvernement, pour obtenir la pension minimale, il faudrait justifier de plus de jours encore de travail par an (156 jours désormais) sur 30 ans. Idem pour le calcul de l’âge de départ à la retraite : les périodes de chômage, de préretraite et « d’aménagement de fin de carrière » (qui permettent aux travailleurs de plus de 55 ou 60 ans de réduire leur temps de travail) ne compteraient bientôt plus dans le calcul. Cela rendrait plus complexe encore de terminer une « carrière complète » et cela fera encore reculer l’âge de départ à la retraite de nombreux travailleurs. De plus, ceux qui sont contraints de partir quelques années plus tôt à la retraite, perdraient 2, 4 puis 5% par année de pension anticipée !
Malades, chômeurs, allocataires : boucs émissaires de la crise
Les partis de l’Arizona envisagent de rendre les allocations de chômage encore plus dégressives et de les couper totalement après deux ans. Quant aux allocations sociales, elles ne seraient plus indexées ! C’est-à-dire qu’elles baisseraient, vu la hausse continue des prix.
Tout cela s’accompagnerait d’un flicage généralisé sous prétexte de « combattre la fraude sociale ». Ainsi, pour les malades de longue durée, le simple oubli de remplir un questionnaire ou de se présenter à un rendez-vous serait sanctionné par une retenue de 10% de l’allocation. Absent à la convocation d’un médecin du travail ? Suspension des indemnités ! Même les médecins deviendraient suspects aux yeux du futur gouvernement : ceux qui « prescrivent plus d’incapacités ou des incapacités plus longues » seraient sanctionnés financièrement.
« Épaules les plus larges » : feindre de les taxer pour mieux les engraisser
Pour tenter de faire passer la pilule, le futur gouvernement feint de taxer les « épaules les plus larges », entendez les millionnaires et les milliardaires.
Mais les mesures avancées sont risibles : la taxation des plus-values boursières et des comptes-titres sont des paniers percés. Les capitalistes contourneraient sans difficultés ces impôts avec leur armée de fiscalistes. Et pour ceux qui auraient tout de même le malheur de se faire pincer, le gouvernement prévoit une « amnistie fiscale » (une réduction, voire une suppression des sanctions pour les fraudeurs fiscaux).
Derrière l’arbre de ces mesurettes fiscales se cache la forêt des cadeaux au patronat. La liste est longue comme le bras : suppression de l’interdiction du travail de nuit et le week-end, privatisation de bpost et Proximus, subventions à la pelle et baisse de cotisations sociales, etc. C’est peu dire que la bourgeoisie attend son gouvernement avec impatience !
Car, dans les plans du gouvernement, ceux qui devraient effectivement supporter le coût de ces mesures, ce sont les travailleurs. Les partis prévoient des hausses de taxes (TVA, cotisation, accises), des baisses de salaire (sur le travail de nuit et le dimanche), davantage d’heures de travail, etc. Ceux qui portent toute la société sur leurs épaules, ce sont les travailleurs !
Militarisation : la bourgeoisie prépare la guerre
Le futur gouvernement prévoit aussi d’augmenter massivement le budget de l’armée.
Le gouvernement Vivaldi y avait déjà ajouté 14 milliards jusqu’en 2030. Les partis de l’Arizona envisagent de le monter à 2% du PIB par an d’ici à 2029, soit au moins 11 milliards par an !
C’est même toute la population qu’ils veulent embrigader dans leur guerre, notamment la jeunesse: le futur gouvernement envisage un « service militaire volontaire » de douze mois, dans le cadre du service civique.
Contre les capitalistes et les gouvernements à leur service
Les capitalistes et les gouvernements à leur service se mettent en ordre de marche pour mener la guerre à tous les travailleurs : service public, privé, chômeurs, retraités. Et demain, ils tenteront peut-être de nous embrigader dans leurs sales guerres pour leurs profits.