Le « statut d’artiste », ce régime de chômage dévolu à 7 000 travailleurs du secteur culturel, est en passe d’être réformé par le gouvernement. La situation d’une partie importante des techniciens (caméraman, ingénieur de son…), des jeunes diplômés des écoles d’Art et des créateurs est alarmante.
Derrière quelques Stromae ou frères Dardenne, existent des conditions de travail et d’existence précaires. Des contrats de quelques jours par mois, des activités peu ou pas rémunérées par des producteurs, souvent contraints de gérer des budgets insuffisants, des horaires de travail parfois affolants… Dans ces conditions, obtenir un crédit ou louer un appartement devient vite mission impossible. Et cette situation ne cesse de s’aggraver depuis la crise sanitaire.
Seule la moitié des travailleurs de la Culture ont actuellement droit au « statut d’artiste » et donc à une allocation de chômage. Plusieurs fois ces dernières années, ses conditions d’accès ou de renouvellement ont été durcies, avec pour conséquence d’en exclure un nombre grandissant de travailleurs du secteur.
A entendre les médias et les politiciens en charge, la réforme qui devrait entrer en vigueur en septembre apporterait une solution à tous ces problèmes. Rien n’est moins vrai.
Si les conditions d’octroi vont être allégées et le plafond de rémunération augmenté de près de 300 euros, le renouvellement va en être sévèrement durci. Il faudra justifier d’une activité beaucoup plus importante pour espérer conserver ce statut. Mais surtout, une Commission dite « du travail des Arts » aura pour mission de statuer sur qui est « artiste » et qui ne l’est pas ! Composée de permanents syndicaux, de responsables de l’Onem, de l’ONSS, et de représentants du secteur culturel, elle délivrera une « carte artiste ». Sans cette carte, plus de possibilité de demander le statut d’artiste ! Pour beaucoup, cela signifiera devoir se retourner vers le CPAS.
Comme les budgets pour la culture n’augmentent pas – bien au contraire – cette commission aura pour fonction de répartir des cartes en petit nombre pour des miettes toujours plus petites.
En 2021, les travailleurs de l’Opéra de la Monnaie à Bruxelles avaient occupé La Monnaie pour attirer l’attention sur les conditions de travail et de vie dans la culture. Avec le nouveau statut et surtout avec l’aggravation de la crise, la nécessité de se battre n’a pas disparu. Au contraire !
Les travailleurs de la culture devront prendre leur place dans les luttes de l’ensemble des travailleurs, seule force capable d’imposer qu’on prenne sur les profits pour garantir les conditions d’existence de tous, mais aussi pour changer cette société injuste. C’est aussi dans cette lutte que l’art deviendra un bien de tous, au lieu d’être la vulgaire marchandise à laquelle le capitalisme l’a réduit.