Soudan : guerre et millions d’affamés

La population soudanaise, près de 50 millions d’habitants, subit les conséquences terribles de la guerre opposant deux généraux militaires et leurs armées pour le contrôle politique du pays.

Les pillages, incendies d’habitations, viols, sont le lot quotidien. A cela s’ajoutent des cas d’enlèvements de femmes et de filles réduites en esclavage, mariées de force ou rançonnées.  Depuis le début de la guerre en avril 2023, plus de 60.000 civils ont été tués et plus de 10 millions déplacés.

Dans ce contexte, tout manque : l’eau propre et potable, les médicaments, le matériel de secours, les hôpitaux, les lits, le carburant. Nombreux sont ceux qui dorment à même le sol, et une grande partie des enfants sont déscolarisés.

Les destructions de récoltes entraînent une situation dramatique de famine. Près de la moitié de la population, soit 25 millions de personnes, ont un besoin urgent de nourriture, en plus d’aide médicale. Certains rapports indiquent que 2,5 millions d’entre eux pourraient mourir de faim avant la fin du mois de septembre.

La pénurie alimentaire aggrave encore la crise sanitaire notamment par la consommation d’eau non potable qui s’écoule dans les rivières. Cela provoque des cas de choléra, qui s’ajoutent aux épidémies de malaria et de méningite.

Pendant que la guerre condamne la population, l’extraction et la circulation de l’or dans le pays continuent, elles, sans faille. Le sol est riche en métaux rares, depuis 25 ans, l’or a pris une place prépondérante dans l’économie du Soudan. Et malgré l’enfer que vit la population, l’or continue d’être miné, récolté et puis exporté, passant par les banques égyptiennes ou encore par les Emirats Arabes Unis.

Une guerre menée avant tout contre la révolte

Les “Forces armées soudanaises”, sous le commandement du général al-Bourhane, et les “Forces de soutien rapide” (FSR) du général Hemetti, avaient réprimé ensemble la mobilisation populaire qui avait chassé le dictateur al-Bachir en 2019. Les deux généraux avaient tiré sur les manifestants et renversé ensemble en 2021 le gouvernement civil qui s’était mis en place à Khartoum.

En avril 2023, la rivalité sourde entre les deux généraux s’est transformée en affrontement direct pour le pouvoir. Cette guerre a dépassé dès le départ les frontières du Soudan. Al-Bourhane dispose du soutien de l’Egypte, de l’Iran, du Qatar ou encore de la Turquie. De son côté, Hemetti a l’appui des Emirats arabes unis.

Mais même en guerre, les deux généraux continuent de s’entendre sur un point : en finir avec la révolte populaire. L’armée, comme le FSR, s’efforcent de réprimer toute forme d’opposition, n’hésitant pas à emprisonner, tuer ou torturer, journalistes, activistes et militants…

Le général al-Bourhane a le soutien de l’Égypte, abondamment équipée militairement par la France et les USA. Quant aux dirigeants européens et américains, ils font étalage d’hypocrisie, d’appels creux aux négociations de cessez-le-feu, promettent des aides humanitaires absolument insuffisantes ! Ils jouent les donneurs de leçons en feignant d’oublier qu’ils ont colonisé, pillé, mis à sac toute l’Afrique et ont, de fait, la plus grande part de responsabilité dans le sort tragique de la population soudanaise.