Soudan : derrière les crimes, l’impérialisme

La guerre civile fait rage depuis maintenant vingt mois au Soudan. La population est soumise à des conditions de vie infernales et tente comme elle peut de survivre, prise en otage dans l’affrontement meurtrier de deux chefs de guerre pour le contrôle du pays. Derrière eux, à Washington et Bruxelles, siègent les responsables de cette barbarie.

Les bombardements intenses ont réduit en cendres de nombreux quartiers résidentiels, des villes, des dizaines de villages et des terres agricoles partout dans le pays. Les rares hôpitaux et maternités, surchargés parfois au quadruple, sont eux aussi les cibles des bombes.

À cette violence, s’ajoute celle des viols collectifs, des enlèvements de filles et de femmes, qui sont ensuite rançonnées, vendues ou réduites en esclavage. Certaines femmes se suicident dans le Nil pour échapper aux violences sexuelles. Depuis le début du conflit, plus de 150.000 personnes ont été tuées et 12 millions ont tenté de fuir les zones de combat en quittant leur foyer.

Là où les habitations n’ont pas été incendiées, dans les villages et dans les camps de réfugiés surpeuplés, les conditions de vie sont dramatiques.

Tout manque. La moitié de la population soudanaise subit la famine (selon l’ONU), soit près de 25 millions de personnes en grave malnutrition. L’accès à l’eau potable, à l’hygiène élémentaire, aux toilettes, aux médicaments, sans parler des soins hospitaliers… est presque inexistant. Cette situation favorise fortement la propagation d’épidémies, et de nombreuses maladies mortelles, dont le choléra, viennent alourdir le nombre de victimes.

Rivalité entre deux chefs militaires

Ce carnage résulte de la guerre dans laquelle s’affrontent, depuis avril 2023, le général Al-Bourhane, au commandement des Forces Armées Soudanaises (FAS) et Mohammed Daglo dit Hemetti, à la tête des Forces de Soutien Rapides (FSR).

En 2019, ces deux généraux étaient main dans la main pour réprimer la population de Khartoum qui s’était mobilisée contre la hausse du prix du pain et qui avait chassé du pouvoir le dictateur al-Bachir.

Encore aujourd’hui, les deux chefs s’entendent à merveille quand il s’agit de mater les élans de révolte populaire. Mais leurs ambitions personnelles à conquérir le pouvoir au Soudan les amènent au conflit qui sévit aujourd’hui et fait vivre l’enfer aux habitants du pays.

Impérialistes : premiers responsables !

Jouant à l’arbitre, le secrétaire d’Etat des États-Unis vient d’accuser les FSR de génocide. Voilà une démonstration d’hypocrisie qui peut s’ajouter à tous les discours grandiloquents et appels creux au cessez-le-feu, prononcés du haut d’une tribune à l’ONU.

En réalité, derrière les deux généraux, les pays impérialistes jouent leurs cartes et vendent leurs armes à l’aide de leurs alliés dans la région. L’Arabie saoudite et l’Égypte soutiennent financièrement et militairement Al-Bourhane (FAS), quant à Hemetti (FSR) il est allié aux Émirats arabes unis. Ces trois pays font partie des plus gros clients des marchands d’armes occidentaux, dont les États-Unis et la France.

Les capitalistes occidentaux sont mouillés jusqu’au cou dans les conflits en Afrique. Amnesty International a révélé, par exemple, que des équipements militaires français armaient des véhicules émiratis en activité au Soudan.

Oui, les grandes puissances pointent du doigt les brigands auxquels ils vendent eux-mêmes les armes ! Ils jouent les donneurs de leçons et étalent leur démagogie. Mais le sort des populations, ils n’en ont rien à faire ! Leur objectif, c’est entre autres de s’assurer le contrôle des dizaines de tonnes d’or qui, chaque année, sont extraites des mines du Soudan avant d’être exportées vers les pays voisins.

Sérieusement, quelle leçon les plus grands brigands de la planète pensent-ils avoir le droit de donner ? Ils voudraient faire oublier les massacres et pillages qu’ils ont perpétrés pour mettre la main sur les richesses du globe ? Ils ont colonisé l’Afrique et maintiennent aujourd’hui leur domination économique au prix du sang et de la sueur des Africains. Les capitalistes occidentaux sont les premiers responsables de la barbarie qui sévit actuellement. À bas l’impérialisme !