Situation scandaleuse dans les maisons de retraites

Le personnel des maisons de retraites est confronté à un manque de moyens criminel. Le 25 mars, selon Wouter Beke, ministre de la santé publique flamand, plus de 1260 résidents de maisons de retraite en Flandre étaient atteints du Coronavirus, un tiers des cas en Flandre. Un chiffre énorme compte tenu du fait que les résidents ne sont pas testés systématiquement.

Mais le personnel des maisons de retraite n’a pas de masques ou presque ! Dans certaines maisons, il n’y en a pas du tout, dans d’autres, ils sont limités à un par personne et par 8 heures de travail, alors qu’il faudrait les changer au bout de 4 heures maximum. Quant à d’autres moyens de protection, n’en parlons même pas ! Les travailleurs de ces maisons de repos témoignent: : “On va au travail, la peur au ventre”, la peur de contaminer sa propre famille et ses résidents. “D’un côté, on interdit aux gens de sortir et de l’autre, dans ces circonstances, nous sommes les vecteurs pour répandre le virus.”

La catastrophe arrive. Confrontés au manque de moyens et à l’épuisement des équipes de soins intensifs, les autorités sanitaires prennent des décisions qui vont avoir des conséquences dramatiques sur le personnel et les résidents des maisons de retraites. L’hôpital universitaire de Gand a élaboré une directive à l’intention de ses médecins : « seuls les plus forts ont encore droit aux soins intensifs ». Les directives demandent aux médecins de partager les patients en 9 groupes selon leur état de santé. Ces catégories vont “des personnes robustes et en bonne santé” à celles qui sont “affaiblies, en phase terminale et qui ne peuvent se passer de l’aide de quelqu’un”.  Les 3 groupes les plus faibles ne seront pas pris en charge dans les Unités de Soins intensifs. 

L’association belge de Gérontologie et de Gériatrie approuve ce choix et demande de ne pas évacuer les personnes des maisons de retraites atteintes du Covid-19 ou d’autres affections requérants des soins urgents vers les hôpitaux. Mais le personnel des maisons de retraites n’est pas formé aux soins intensifs, que ce soit au traitement des malades du Covid-19 ou d’autres affections graves. Il y a peu d’infirmières et de médecins et la pénurie de matériel de protection y est encore plus aiguë.

Ces annonces provoquent la détresse du personnel et des pensionnaires des maisons de retraite. Si l’épidémie atteint un établissement, non seulement les moyens de se protéger et de protéger les autres font défaut, mais aussi les moyens de soigner et de soulager la douleur feront défaut.

Devant les protestations du personnel des maisons de retraites et l’émotion qui commence à gagner la population, la ministre de la santé du gouvernement wallon, Christie Morreale, annonce que ce genre de mesures ne sera pas appliqué en Wallonie. Mais la réalité du manque de moyens et de personnel est au moins aussi aigüe en Wallonie qu’en Flandre.

Les ministres et leurs experts disent que laisser mourir les vieux, les malades, les infirmes est «un choix éthique». Non. C’est un abandon criminel. Les mêmes nous expliquaient il y a quelque mois encore qu’il y avait trop de médecins, qu’il y avait une « surabondance d’offre » d’hôpitaux ! Mais ils trouvaient de l’argent pour acheter des avions-bombardiers et arroser les grandes entreprises. 

C’est là tout un symbole du capitalisme.

Quand cette épidémie sera terminée, il faudra les faire rendre des comptes et surtout il faut se préparer à changer toute cette société !