Se défendre sur le rail et partout ailleurs !

Le gouvernement fédéral veut imposer l’austérité à la population. Parmi les mesures qu’il prévoit, certaines visent directement les cheminots. En particulier, la menace de reculer la pension de 55 à 67 ans fait réagir le personnel roulant.

Les 16 et 17 mars avaient lieu les premiers jours de grève appelés en front commun par la FGTB-ABVV et l’ACV-CSC. Ceux-ci venaient quinze jours après neuf jours de grève appelés fin février par le SIC (un petit syndicat corporatiste), et une semaine avant les sept jours de grèves organisés par le syndicat de cheminot METISP…

Comme fin février, la grève organisée mi-mars a été relativement bien suivie : près de la moitié des trains de voyageurs prévus n’ont pas roulé.

Mais aucune des directions syndicales ne veut réellement s’attaquer aux menaces qui pèsent sur les cheminots et l’ensemble du monde du travail.

Les dirigeants des syndicats corporatistes comme SIC ou METISP veulent apparaître plus radicaux pour gagner des adhérents, mais ne sont pas vraiment déterminés à appeler les travailleurs à engager un combat avec le gouvernement. Quant aux dirigeants des deux principales centrales syndicales, ils ne font que réagir à la colère des cheminots pour mieux la canaliser, et la dissiper lors de « grèves perlées », à raison de deux jours de grève par mois jusqu’en juillet.

La tactique de la « grève perlée » n’encourage pas une mobilisation à s’amplifier. Au contraire, en espaçant dans le temps quelques jours de grève isolés, elle favorise la lassitude et le découragement, et donc l’isolement de ceux qui restent déterminés à se mobiliser.

De la même manière, les mots d’ordre syndicaux pour la grève se limitent à dénoncer les attaques qui visent les cheminots, comme les attaques sur la pension. Pourtant, tous les travailleurs sont frappés par les mesures d’austérité et il serait aussi possible de dénoncer les attaques subies par tous, et pas seulement par les cheminots.

De tels mots d’ordre limités à une profession isolent les cheminots en grève des autres travailleurs. Un cheminot témoigne : « lors des actions, on doit se défendre car le gouvernement essaye de nous faire passer pour des privilégiés, alors qu’en fait les mesures d’austérité frappent tous les travailleurs et qu’on devrait se défendre tous ensemble ».

Effectivement, pour se défendre face aux mesures d’austérité, une lutte d’ensemble, et pas secteur par secteur, est nécessaire. Celle-ci pourrait démarrer des travailleurs d’un secteur particulier comme le rail, l’industrie, l’enseignement. Ensuite, les travailleurs en grève pourraient s’adresser à tous les autres travailleurs, et les appeler à se mobiliser sur leurs propres mots d’ordres. C’est ainsi, de proche en proche, que les grèves pourraient s’amplifier.

Les directions syndicales ne veulent pas organiser une telle lutte. Au contraire, elles feront tout pour l’éviter. Et si elles n’y arrivent pas, elles tenteront d’en prendre la direction pour y mettre un terme.

Une telle lutte qui mettra en difficulté le patronat et le gouvernement ne pourra se développer que si elle est organisée et dirigée par les travailleurs eux-mêmes, lorsqu’ils dépasseront les limites que veulent imposer les directions syndicales.