Réunion de brigands impérialistes à Bruxelles

Dans le discours d’Obama au Palais des Beaux-Arts, il était beaucoup question de « démocratie » et de « liberté ». Des « valeurs » pour lesquelles nos ancêtres (dont grand-père Obama) auraient combattus et seraient morts sur les champs de bataille d’Europe. Valeurs que la jeunesse doit être préparée à défendre à nouveau, a-t-il prévenu, si elles venaient à être menacées… Sous-entendu par Poutine ?

Décidément, la guerre n’est jamais loin quand ces gens-là parlent de « valeurs » et de « liberté ».

Mais non, les soldats américains de la 2ème guerre mondiale ne sont pas morts pour la « liberté », pas plus que ceux de la première ne sont morts pour la « patrie ».

L’enjeu de la première guerre mondiale a été le partage des colonies entre l’Allemagne d’un côté et la France et l’Angleterre de l’autre. Il s’agissait de matières premières, de juteux contrats de construction de chemins de fer, et déjà de pétrole. Quant à la deuxième guerre mondiale, les enjeux étaient les mêmes, dans un rapport de force qui avait changé. Des dizaines de millions de soldats et de civils sont morts, parce que les brigands capitalistes avaient des désaccords quant à la manière de se partager le butin des colonies.

Oui, dans la 2ème guerre, une partie des soldats américains se sont engagés croyant se battre pour la démocratie et contre le fascisme. Mais cette illusion est tombée devant les réalités de l’ordre mondial dominé par l’impérialisme américain, secondé par la France, la Grande-Bretagne, la Belgique. Un ordre imposé par les bombes atomiques sur le Japon, les villes ouvrières allemandes rasées et incendiées, un déluge de bombes en Corée et au Vietnam dans les années 50 et 60, par la torture généralisée exercée par l’armée française en Algérie dans les années 60, par l’assassinat des leaders indépendantistes en Iran, au Congo, au Chili. Et toutes les guerres qui n’ont jamais cessé en Afrique jusqu’à aujourd’hui.

La défense de la « liberté » et de la « démocratie » des dirigeants européens et américains s’applique de façon très variable : à Kiev, une insurrection sous la direction de l’extrême droite contre un dirigeant pro-russe, c’est un acte de liberté et de démocratie ; en Crimée un référendum où 95% de la population choisissent librement la Russie, parce que cela leur semble un moindre mal, c’est une violation du droit international… Quant à la démocratie en Ukraine, c’est le milliardaire Porochenko qui semble l’incarner aux yeux les Etats-Unis et l’Union européenne. Son programme est déjà écrit : imposer les plans d’austérité et de privatisations drastiques concoctés à Bruxelles sous la dictée des grands groupes capitalistes.

Non, Obama n’était pas en réunion avec ses alliés capitalistes en Europe par souci pour « les gens morts sur les barricades de la place Maïdan » à Kiev. Il s’agit toujours et à nouveau de matières premières, de pétrole, de gaz et de partage de zones d’influence.

Est-ce que ces gesticulations militaires autour de l’Ukraine peuvent devenir une guerre ? Ni Poutine, ni les dirigeants européens et américains ne le souhaitent pour l’instant. Mais leur système où les grands groupes capitalistes de quelques grands pays concentrent entre leurs mains la majorité des capitaux et des technologies, au détriment de tous les autres peuples, ne peut fonctionner sans oppression, sans force militaire, sans intervention militaire. Les guerres et la destruction dans laquelle les pays européens sont encore impliqués aujourd’hui en témoignent : Congo, Afghanistan, Irak, Libye, Mali, Soudan, Centrafrique, Syrie… Et oui, la guerre économique peut basculer dans la guerre tout court, y compris près de chez nous.

Ce n’est pas pour rien que les commémorations de la première guerre mondiale font un silence assourdissant sur le mouvement ouvrier de l’époque, son internationalisme et son opposition à la guerre. Ils veulent faire oublier la vague révolutionnaire partie de Russie, et ses millions de travailleurs à qui on avait donné des armes pour s’entretuer, qui fraternisaient et tournaient leurs armes contre les responsables de la guerre. Cette révolution n’est pas allée jusqu’au bout en gagnant l’Allemagne et toute l’Europe, mais elle a fait trembler le pouvoir des capitalistes partout dans le monde et les a forcés de céder bon nombre d’avancées sociales notamment en France et en Belgique.

Leur système capitaliste est un géant aux pieds d’argile qui dépend en toute chose des milliards de travailleurs de par le monde, même pour faire leurs sales guerres. Une force colossale qui, quand elle prendra conscience de sa propre force et de ses propres intérêts, finira par sortir l’humanité pour toujours du règne des brigands.