Retrouver le chemin de la lutte

Irresponsable… le monde patronal n’a pas de mots assez réprobateurs pour dénoncer le projet syndical de grève générale du 30 janvier.

Mais les irresponsables, ce sont les capitalistes, les dirigeants des banques, les patrons des grandes entreprises… Ils ont pressuré toujours plus les travailleurs pour augmenter leurs profits, en créant des chômeurs en masse, en augmentant la charge de travail, en remplaçant les CDI par des contrats intérimaires, en gelant ou en baissant les salaires. Et leurs profits ne servent finalement qu’à gonfler la spéculation et à étouffer l’économie.

Défendre nos droits à une pension convenable, défendre nos salaires et nos emplois, ce n’est pas irresponsable, c’est même absolument nécessaire. Le travail et le salaire sont indispensables aux travailleurs dans ce système et quand on les perd, le chemin qui mène à la misère est court !

Bien sûr, le chômage massif permet un odieux chantage au patronat : pour garder son emploi, il faudrait accepter absolument tout. Mais la baisse du pouvoir d’achat de la majorité de la population approfondit la crise, augmente le chômage et la misère. Tout cela conduit inexorablement vers des crises plus violentes et des guerres.

Ce que nous avons aujourd’hui – et que nous sommes en train de perdre – nos grands-parents et nos parents l’ont obtenu par la lutte ! Alors nous n’avons pas le choix, nous devons nous convaincre que la lutte pour nos intérêts fondamentaux est absolument nécessaire ! Mais nous le sentons tous, il n’est pas si facile de retrouver le chemin de la lutte, de l’organisation collective. Et les syndicats sont aujourd’hui dirigés au sommet par des bureaucrates qui se sont habitués à s’asseoir autour des tables de négociations avec les patrons et les ministres plutôt que d’organiser la défense des travailleurs. Pour ces bureaucrates,  les manifestations et les grèves sont avant tout le moyen de montrer qu’ils existent encore et que le patronat doit leur faire une place autour de la table… même s’ils ne veulent rien négocier. Et parmi les travailleurs, beaucoup se sont habitués à ce que les syndicats ne soient que des avocats ou des employés qui remplissent les papiers compliqués à leur place.

Mais cela changera, et quand les travailleurs commenceront à prendre eux-mêmes leur sort en main, alors la peur changera de camp. Car tout le système d’exploitation capitaliste repose sur la résignation des travailleurs, et sur le fait que beaucoup trop de travailleurs croient qu’ils ont besoin de tribuns pour parler à leur place. C’est quand cette résignation disparaît que tout devient possible, que notre force apparaît. Notre classe, celle qui fait tout fonctionner dans la société, est capable d’énormément de choses.

Voilà la hantise du monde capitaliste, et c’est aussi celle des dirigeants syndicaux. Car à une base active et combative, il faudra rendre les comptes. Car les travailleurs organisés et déterminés n’ont pas besoin de bureaucrates, mais se donneront des dirigeants combatifs, issus de leurs propres rangs.

Retrouver un tel rapport de force n’est pas l’affaire d’un jour. Bien que lors d’une explosion sociale cela peut se faire en quelques semaines, surtout si les travailleurs s’y sont préparés.

Alors, l’appel à la grève des syndicats pour le 30 janvier, il faut s’en servir. Non pas pour suivre aveuglement les directions syndicales, mais pour participer activement à la lutte. La grève sera ce que nous en ferons.

C’est l’occasion de se retrouver avec des collègues pour discuter, de discuter avec des militants syndicaux ou révolutionnaires et de se faire une opinion. C’est l’occasion de tisser des liens avec les collègues qui ont la même envie de rendre les coups au monde patronal.

C’est l’occasion de nous convaincre nous-mêmes que nous n’avons pas d’autre choix que d’imposer au patronat des mesures indispensables comme l’interdiction des licenciements et le partage du travail entre tous sans perte de salaire. Que nous n’avons pas d’autre choix que d’imposer un contrôle sur la gestion capitaliste, sur les profits amassés par les exploiteurs et aux banquiers. Et on verra que nous, les travailleurs, nous sommes bien plus capables de diriger la société que les capitalistes. Oh pas pour faire encore plus de profits, mais pour produire ce qui est utile et nécessaire à toute l’humanité !

Les pas que nous choisirons de faire pour ce 30 janvier, pourront sembler petits, mais ces pas s’inscrivent dans ceux nécessaires pour les luttes à venir. Ne pas faire grève ou faire grève et rester à la maison et laisser faire les syndicats, c’est donner aux dirigeants syndicaux une justification pour s’asseoir et négocier avec les patrons qui ne veulent rien lâcher. Ne donnons pas ce blanc seing aux dirigeants syndicaux. Ne donnons pas cette satisfaction au patronat !