Les deux années écoulées ont été marquées, pour le monde du travail, par des périodes de chômage, des pertes de revenus partielles ou totales, des conditions de travail toujours plus dures, plus précaires. La nouvelle année, elle, arrive avec une augmentation fulgurante des factures d’énergie et des prix en général et une nouvelle vague du Covid dans des hôpitaux exsangues.
Les fins de mois des ménages populaires sont marquées par l’angoisse, les hôpitaux et les écoles sont au bord de la rupture, mais le tableau n’est pas le même du côté de la finance et des grandes fortunes.
Les dix plus grandes fortunes du monde ont cru de 352 milliards d’euros, ou 67 000 euros par minute et par personne ! Un nouveau record s’annonce pour les dividendes distribués aux actionnaires dans le monde pour l’année 2021, et les bourses du monde courent de record en record. En Belgique, le nombre des milliardaires et des millionnaires a augmenté en pleine pandémie !
Ce qui est en cause, c’est moins le virus que les choix des grands capitalistes et des gouvernements à leur service. C’est le fonctionnement de cette société, tournée entièrement vers le profit.
Pour certains capitalistes, la pandémie elle-même était une occasion en or : Pfizer, BioNTech et Moderna font à elles seules 52 500 euros de profits… par minute ! Des profits réalisés avec des vaccins hors de prix qui écartent la population pauvre de la planète de la vaccination. Ce qui permet aussi au virus de produire de nouvelles mutations… et des nouvelles vagues, y compris dans les pays riches.
D’autres, comme les grands groupes du pétrole et du fret, utilisent leurs positions de monopole pour augmenter les prix. Les factures d’énergie à la hausse, ce n’est pas perdu pour tout le monde. Le bénéfice net de Total pour les neuf premiers mois de 2021 a, par exemple, quadruplé par rapport à la même période en 2020. Le groupe d’énergie Engie envisage un résultat net de 3 milliards d’euros pour 2021, trois fois plus élevé qu’en 2019. Les augmentations des factures de l’énergie perturbent tous les secteurs de l’économie et ont des conséquences dramatiques sur les ménages populaires. Mais tant pis : les fortunes des grands actionnaires doivent continuer à croître !
Et ce n’est pas seulement en tant que consommateurs que les travailleurs payent un prix de plus en plus élevé.
Depuis un an, les 16 plus grandes entreprises de l’automobile sont confrontées à la pénurie de semi-conducteurs, suivie entre-temps de pénuries d’autres pièces. Les ventes reculent et quasiment toutes les entreprises ont connu des périodes de chômage. Or les profits n’ont pas baissé, au contraire ! Le groupe VW par exemple, livrait 24% de voitures de moins au 3ème trimestre 2021, mais réalisait un profit en hausse de 5% !
Ce miracle s’explique par une exploitation accrue. Ce sont en grande partie les caisses de chômage qui ont garanti au moins une partie des salaires, dans les périodes d’arrêt de la production, une économie énorme pour les actionnaires. Ce qui ne les a pas empêchés d’accélérer les cadences les jours travaillés. Déjà, des dizaines de milliers d’intérimaires en Europe se sont retrouvés sans emploi et sans salaire et d’autres suppressions d’emplois sont planifiées dans tous les groupes de l’automobile.
Pour faire face aux aléas de leur économie, les patrons exigent une flexibilité toujours plus importante. En témoignent les 6,4 millions de contrats journaliers signés en 2019. Entre 2015 et 2019, la moitié des contrats intérimaires étaient des contrats journaliers. Chaque jour, en moyenne, quelques 17 800 travailleurs sont sous ce genre de contrat qui exclut toute forme de sécurité de l’existence.
Avec ça, les grandes entreprises et banques profitent des subventions des Etats. Jamais les dépenses des Etats pour soutenir l’économie n’ont été aussi élevées, alourdissant sans cesse le fardeau de la dette publique. Les hôpitaux, les écoles, les communes sont au bord de l’asphyxie, et ne peuvent plus fournir des services essentiels à la population, pendant que des milliards d’argent public partent gonfler les coffres forts des capitalistes, banquiers et industriels, qui n’en ont aucune utilité autre que le luxe et la spéculation !
Cette classe capitaliste qui se sent tout permis, qui impose son égoïsme à toute l’humanité, craint cependant une chose : le retour des luttes collectives des travailleurs. Car c’est dans ces luttes que la classe ouvrière peut redécouvrir sa force et sa capacité d’imposer un autre monde : un monde où ce sont les humains qui comptent, et non le profit.
Alors, pour faire de 2022 une « bonne année », préparons la lutte dès maintenant !