PTB et syndicats, l’impasse des illusions !

La poignée d’actionnaires qui dirigent le groupe VW et ses sous-traitants se préparent à fermer l’usine Audi de Forest et licencier plus de 4.000 travailleurs. 

Face à la vague de licenciements qui s’amplifie, le PTB écrit que “Ce n’est pas avec des recettes du 20e siècle qu’on va construire l’industrie du 21e siècle”… pour finalement propager les illusions nationalistes du 19e !

Ensemble avec les syndicats FGTB, CSC, CGSLB, il clame “L’industrie est à NOUS !” Ce qui ne l’empêche pas de reprendre à son compte les analyses d’un capitaliste endurci : “Comme l’a souligné Mario Draghi, ancien président de la BCE, dans son rapport, nous faisons face à un « défi existentiel » pour notre industrie européenne, qui est à la fois énergétique et technologique. Nos prix de l’énergie, trop élevés, freinent nos capacités industrielles, et nous accusons un retard en matière d’investissements dans la recherche et le développement.

Dans la foulée de cette analyse, le PTB propose “Un véritable plan énergie” avec des “investissements publics” et un “contrôle public”, plus “un impôt sur les grandes fortunes” qui est soutenu par “une énorme majorité de la population”, et aussi que “l’industrie … réinvesti[sse] ses bénéfices dans l’innovation…

C’est aussi ce que mettent en avant les syndicats : “Un plan industriel fort” et “des investissements” pour lutter “contre l’austérité” et “protéger nos emplois industriels de qualité”.

Ce programme du PTB, comme celui des syndicats, élude la vraie question : qui dirige l’économie ? Qui peut imposer aux milliardaires qui possèdent les capitaux, les banques et les entreprises, d’abandonner ne serait-ce qu’une part de leur fortune ? Même pour investir, mais dans des domaines où la rentabilité n’est pas assurée ? 

Est-ce qu’une majorité de députés au Parlement aurait ce pouvoir ? En Belgique, chaque fois que le PS était au pouvoir, il invoquait le système des coalitions pour justifier ses renoncements. Mais en France, en Angleterre, en Allemagne, sous “la Gauche” au pouvoir, c’était aussi des plans d’austérité, des vagues de privatisations des services publics, des attaques majeures contre les pensions, la santé, l’enseignement, des blocages des salaires… En France, après 1981, Mitterrand était président, PS et PCF étaient majoritaires au Parlement et dans les Conseils régionaux, et pourtant le gouvernement a fait une politique de droite.

C’est que, contrairement aux illusions que les partis politiques répandent, y compris le PTB, les gouvernements n’ont pas le pouvoir – même s’ils en avaient la volonté – de s’opposer aux décisions des riches actionnaires qui dominent les banques et les grandes entreprises, car il faudrait qu’ils remettent en cause la propriété privée des capitaux.

De la part des syndicats liés, au mieux au PS pour l’un, à différentes composantes de la bourgeoisie pour les autres, cela fait longtemps qu’ils ont abandonné la lutte de classe. Leur principal souci est aujourd’hui de conserver leurs appareils et les postes qu’ils dispensent, en se rendant indispensables pour limiter la contestation par les travailleurs des privilèges de la bourgeoisie et du pouvoir des capitalistes. 

Et plus les dirigeants syndicaux reculent devant les pressions patronales, plus leurs mots d’ordre sont radicaux pour masquer leurs concessions. Ainsi “L’industrie est à NOUS !” ne prépare pas l’expropriation des entreprises par les travailleurs, mais une capitulation des dirigeants syndicaux devant les diktats des capitalistes.

Il n’est pas étonnant que Pieter Timmermans (administrateur de la FEB), dont le PTB prétend combattre les “recettes du 19e siècle”, déclare : “Même si je trouve la méthode (une manifestation occasionnant tout à la fois une perte de production et un préjudice d’image) totalement inappropriée, j’adhère néanmoins à l’appel lancé” (La Libre du 24/09, à propos de la manifestation du 16/09)

En effet, les dirigeants syndicaux – suivis par le PTB – ne demandaient en fait rien d’autre que de nouvelles subventions à l’industrie, tel que réclamé par Mario Draghi.

Le PTB, qui veut se développer en étant “à gauche du PS”, entretient lui aussi la dangereuse illusion que le Parlement aurait ce pouvoir d’imposer des contraintes aux capitalistes en faveur des travailleurs !

Bien sûr, des députés, opposés au capitalisme et élus par les travailleurs, seraient utiles, à condition de ne pas créer d’illusion dans le Parlement, et s’ils s’en servaient comme tribune pour dénoncer le capitalisme, ses moyens d’exploitation et ses stratagèmes pour tromper les travailleurs.

Le droit de vote n’est plus réservé aux seuls bourgeois, il a été étendu à une large partie de la population. Mais d’élection en élection, il n’a servi qu’à faire espérer une amélioration de leur sort aux travailleurs, sans qu’elle ne vienne jamais… En réalité, seules les luttes importantes ont permis des avancées sociales. 

Toute l’histoire de la classe ouvrière, de l’Allemagne du 20e siècle aux USA d’aujourd’hui, montre que l’illusion parlementaire désarme les travailleurs face à la bourgeoisie.

La classe ouvrière n’a pas d’autre choix que de retrouver une conscience claire des enjeux politiques, et de se préparer à une lutte de classe déterminée, surtout dans une période où les capitalistes préparent une généralisation de la guerre.

Quelles perspectives pour les travailleurs ?

Investir massivement pour rattraper notre retard technologique” comme le proposent Mario Draghi et le PTB, cela veut dire s’engager dans la compétition avec les autres capitalistes, notamment ceux des USA et de la Chine… Et aussi engager la compétition avec les nombreux pays dont l’économie a été détruite par la colonisation et où les travailleurs sont contraints d’accepter des salaires dérisoires. C’est insensé !

Pour les travailleurs, dans tous les pays, la “compétitivité” signifie une spirale infernale d’exploitation et de sacrifices pour financer les profits des capitalistes, car il n’est pas question pour les actionnaires millionnaires et milliardaires, d’accepter la moindre atteinte à leurs fortunes.

Dans une période de crise, la concurrence entre capitalistes se transforme en guerres économiques, et en une généralisation de la guerre tout court. Au nom des nationalismes, belge, européen, ou autres, les capitalistes sacrifient aujourd’hui les emplois et les salaires pour le maintien de leurs profits, demain ils exigeront de la population qu’elle sacrifie sa vie !

Non, la classe ouvrière ne doit pas se mettre au service de ses patrons, de sa bourgeoisie, de ses capitalistes. Il faut au contraire mettre en avant les intérêts des travailleurs.

Les actionnaires ont empoché des milliards, mais les travailleurs ont produit toutes ces richesses. que les actionnaires paient maintenant pour que les travailleurs licenciés conservent leur salaire jusqu’à ce qu’ils retrouvent un travail et un salaire correct !

Les capitalistes veulent produire moins de voitures ? Et bien il faut partager le travail entre tous, sans perte de salaire, en prenant sur les profits accumulés ! 

C’est en défendant ses intérêts que la classe ouvrière retrouvera la conscience que le capitalisme qui nous entraîne dans le chaos et la guerre doit être renversé, pour que les travailleurs dirigent eux-mêmes l’économie, exercent eux-mêmes le pouvoir politique. Alors oui, à ce moment-là on pourra dire que l’industrie est à NOUS !