Premier mai : journée internationale de lutte des travailleuses et travailleurs !

Il y a 135 ans, la date du 1er  mai a été choisie par des dirigeants du mouvement ouvrier pour organiser une journée de lutte internationale. Depuis, chaque année, des travailleuses et des travailleurs partout sur la planète, peu importe leur nationalité, se retrouvent le même jour pour manifester et faire grève pour leurs droits de travailleurs face aux capitalistes et aux gouvernements.

A l’origine c’est le combat pour la journée de 8 heures qui fut choisi comme objectif principal car susceptible de rassembler par-delà les frontières. Puis, cette journée prit un caractère plus politique et devint une journée de lutte contre le système capitaliste, la journée de 8 heures ayant été gagnée dans de nombreux pays.

Aujourd’hui pourtant, combien sont forcés de travailler plus de 8 heures par jour ? Même dans un pays riche comme la Belgique, combien se voient obligés de cumuler deux emplois ou d’accepter des heures supplémentaires ? Et les reculs de nos conditions de vie et de travail dépassent de loin la question de la durée de la journée de travail. Partout, les licenciements se multiplient, les salaires et les allocations fondent en comparaison avec les prix qui ont explosé, les guerres sont de plus en plus nombreuses. 

Plus que jamais, l’avenir de l’immense majorité des humains dépendra de leur capacité à reconstruire un mouvement ouvrier international, conscient de ses intérêts et capable de s’organiser par-delà les frontières et toutes les autres divisions !

1er mai 1886 à Chicago : massacre de Haymarket Square

Le 1er mai 1886, le jeune syndicat AFL appelle au niveau national à faire grève pour la journée de 8 heures.

 A Chicago, rien que l’appel à la grève pousse de nombreux patrons à céder. Mais malgré cela, 340.000 travailleurs font grève pendant plusieurs jours. Le 3 mai, à l’usine McCormick de Chicago, à la fin d’un rassemblement, 200 policiers font irruption et chargent les ouvriers. Il y a deux morts et une dizaine de blessés. 

Alors le lendemain, en protestation à cette violence policière, un rassemblement est organisé à Haymarket Square. Mais à nouveau, à la fin du rassemblement, 180 policiers chargent la foule. Il y a des affrontements et des morts des deux côtés. 

La police profite de cette occasion pour arrêter 7 militants syndicalistes anarchistes, rejoints par un huitième qui se livre à la police. Dans un procès où même le juge reconnaît qu’ils sont innocents, 7 des 8 militants sont condamnés à mort « pour l’exemple », 4 seront pendus.

1er mai 1889 à Paris : congrès de la IIème Internationale

Trois ans plus tard, 400 délégués de la IIème internationale proposent l’organisation d’une journée de grève universelle pour l’obtention de la journée de 8 heures. Le délégué américain propose la date du 1er mai en souvenir du massacre de Haymarket Square. L’année suivante, le 1er mai 1890, la IIème Internationale organise la première journée internationale de lutte des travailleurs. Depuis, des manifestations et grèves ont lieu chaque année. 

1er mai 1916 à Berlin : A bas la guerre !

Même en pleine guerre mondiale, les travailleurs ont utilisé la date du 1er mai pour faire entendre leur camp. En 1916, à Berlin, une manifestation ouvrière fut organisée pour dénoncer le massacre de la guerre et affirmer que l’idéal socialiste était toujours vivant, malgré la trahison des grands partis socialistes qui s’étaient ralliés à leurs gouvernements respectifs et avaient défendu la guerre. 

En Allemagne, seul un petit nombre de militants avaient refusé de plier et dénoncèrent cette guerre impérialiste. Parmi eux : Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht. Le 1er  mai 1916, en plein centre de Berlin, des milliers d’ouvriers et de jeunes se rassemblèrent autour de Karl Liebknecht. Quand il proclama « A bas la guerre ! A bas le gouvernement ! » il fut arrêté. Quand il fut traduit en justice en juin, 55.000 ouvriers des usines d’armement se mirent en grève. Liebknecht condamné deviendra « l’homme le plus populaire des tranchées » et en 1918 la révolution allemande éclatera et forcera l’état-major allemand à signer l’armistice.

1947 en Italie : massacre de Portella della Ginestra

Lors du rassemblement du 1er mai 1947 dans la province de Palerme un groupe mafieux massacre les paysans et ouvriers présents. Pour l’ensemble du mouvement ouvrier italien, il était alors clair que les mafieux avaient été armés par les grands propriétaires terriens. Ces grands propriétaires, protégés jusqu’en 1945 sous le régime fasciste instauré par Mussolini, ne voulaient pas que se développe un mouvement ouvrier. Ils utilisèrent les mêmes méthodes que celles utilisées par les fascistes pour casser le mouvement ouvrier italien des années 1919-1920 : le massacre des ouvriers par des bandes armées et payées par le grand capital.

Le 1er mai : une bataille politique

Le fascisme en Italie, le nazisme en Allemagne ou le pétainisme en France avaient tenté de détourner la signification historique du rassemblement du 1er mai en tentant d’en faire une « fête du Travail » ou de la « concorde sociale ». Depuis, presque tous les dirigeants bourgeois ont cherché à faire de même.

En Belgique en 1985, Louis Michel, élu à la tête du parti libéral voulut faire du 1er mai une « fête de tous les travailleurs ». En 1996, le Vlaams Belang a tenté lui aussi de récupérer le 1er mai en se réunissant à Alost avec comme slogan « du travail d’abord pour notre peuple ». Un slogan à l’image des partis d’extrême droite qui cherchent à utiliser les symboles révolutionnaires pour se donner un visage « anti-système » mais qui exacerbe en réalité les divisions entre travailleurs, au bénéfice du grand patronat qui le finance et lui donne une bonne place dans ses médias.

L’an dernier en Italie, Giorgia Meloni a choisi la date du 1er mai pour supprimer une aide qui complétait les bas revenus, poussant des millions de prolétaires dans plus de pauvreté. Avec provocation, elle avait décrit cette mesure de « privilège d’honorer les travailleurs » ! Les salaires des autres travailleurs ont-ils augmenté ? Absolument pas.

Dans nombre de pays, les ouvriers manifestent le 1er mai et sont arrêtés par des régimes dictatoriaux et ne peuvent que difficilement se réunir. Dans les pays soi-disant « démocratiques », le grand patronat et leurs alliés tentent de faire du 1er mai une « fête nationale » où toute référence au passé des luttes des travailleurs a disparu, parce qu’ils savent que cette histoire est riche d’expériences qui pourraient un jour devenir des armes pour les travailleurs en lutte.

Profitons du 1er mai et de tous les autres jours de l’année pour rappeler haut fort que les travailleuses et travailleurs du monde entier forment un seul camp face aux capitalistes et aux gouvernements à leur service. Vive le premier mai ! Vive la lutte internationale des travailleuses et des travailleurs !

Lutte ouvrière appelle à se joindre aux rassemblements organisés dans tout le pays le 1er mai. Aujourd’hui plus que jamais, retrouvons-nous pour affirmer que les travailleurs n’ont pas de patrie, mais des intérêts communs à défendre dans le monde entier. A Bruxelles, une manifestation partira à 12h de la place Poelaert et de nombreux stands politiques seront présents au Mont-des-arts de 12h à 20h. Lutte ouvrière participera à ces deux événements.