Après six jours d’une grève qui s‘était étendue sur près de la moitié des magasins de la chaîne, les travailleuses et travailleurs de Lidl ont obtenu que la direction paye 40 heures de travail de plus par semaine soit l’équivalent d’un temps plein par magasin.
C’est une bouffée d’oxygène pour les travailleurs en sous-effectif permanent. Mais la victoire des grévistes ne réside pas seulement dans le fait d’avoir pu imposer ce recul à la direction de l’entreprise. C’est d’abord une victoire sur la peur. Car oui, il faut du courage pour risquer son emploi et tenir tête à cette direction ! Les grévistes en étaient parfois surpris eux-mêmes et ont fait l’expérience que collectivement, les travailleurs sont une force !
C’est un coup porté aussi contre tous ceux qui prêchent la résignation aux travailleurs. C’est justement chez Lidl, connu pour ses conditions de travail précaires et dures et pour les méthodes policières de la direction, que la grève a éclaté et l‘a remporté. Malgré tous les pessimistes et les représentants patronaux qui veulent nous faire croire que c’est fini les luttes, la solidarité et le temps où les travailleurs pouvaient se battre !
Les grévistes de Lidl ont rencontré beaucoup de sympathie. Celle des clients, qui sont aussi des travailleurs, ou des chômeurs, des pensionnés. Et combien de travailleurs, dans tous les secteurs, toutes les régions du pays, se sont dit en eux-mêmes, en entendant les témoignages des grévistes à la télé : „c’est comme chez nous“, „c’est ce qu’il faudrait chez nous aussi“?
En effet, qu’on soit facteur, ouvrier dans l’industrie, enseignant, cheminot, employé de banque, technicienne de surface, partout, la charge de travail augmente au fur et à mesure des emplois supprimés. Devoir faire toujours plus pour un salaire toujours plus faible, tandis que près d’un demi million de travailleurs, et parmi eux beaucoup de jeunes, sont sans emploi… Combien de temps va-t-on supporter cette situation absurde et injuste ?
Et la raison de cette aggravation de nos conditions de travail et de vie est aussi partout la même. La fortune de Dieter Schwarz, le patron de Lidl, se monte à 37 milliards d’euros, la plus grande fortune d’Allemagne. Elle a triplé depuis 2012, suite à la multiplication des magasins et aussi grâce à la surexploitation des salariés. Comme le racontait une gréviste : « Là où nous étions 9 personnes pour ouvrir le magasin au matin, nous ne sommes plus que 4 aujourd’hui. » Oui, leurs fortunes sont le fruit de notre exploitation !
Lidl n’est nullement un cas particulier. La condition ouvrière s’aggrave et les fortunes gonflent d’autant à l’autre pôle de la société ! Cela n’est pas seulement vrai dans le secteur privé, c’est aussi le cas dans le secteur public. Les gouvernements ont mis des milliards pour sauver la mise aux actionnaires des banques et financent les importants cadeaux aux actionnaires des entreprises. Pour limiter les déficits de l’État qu’ils ont ainsi creusés, les gouvernements suppriment des emplois dans la fonction publique et font des économies catastrophiques sur l’enseignement, la SNCB, les hôpitaux… Au point que les conditions de travail sont devenues intenables et qu’il suffit de quelques malades pour que le fonctionnement des services publics ne puisse plus être assuré !Pour la même raison le gouvernement baisse les pensions de tous, alors qu’un quart des pensionnés vit déjà sous le seuil de la pauvreté.
Pendant ce temps, les dividendes des actionnaires des banques et des grandes entreprises augmentent grâce à l’argent public ! Ainsi, rien que les 18 entreprises du BEL20 qui ont publié leurs résultats pour 2017, affichent une hausse de leurs profits de 57% !
Alors oui, tôt ou tard, tous ensemble, nous devons relever la tête et retrouver le chemin de la lutte pour obliger la classe capitaliste à nous rendre ce qu’elle nous a volé !
Le 16 mai, les syndicats appellent à une manifestation nationale pour les pensions. Cette manifestation seule sera insuffisante pour faire reculer le gouvernement. Et les travailleurs ont bien raison de se méfier des directions syndicales. Mais il ne faut pas donner satisfaction aux prêcheurs de la résignation. Comme les grévistes chez Lidl, comme les cheminots français, il faut montrer qu’il a des travailleurs qui ne baissent pas la tête ! Alors, allons-y le plus nombreux possible et préparons les grèves de demain !