Le gouvernement français veut imposer en Nouvelle-Calédonie une réforme qui élargit le corps électoral lors des élections. Cette réforme, décidée par un parlement réuni à plus 17.000 kilomètres des premiers concernés, vise à rendre les Kanaks minoritaires dans les urnes de leur propre pays. L’annonce a déclenché des nuits d’émeutes et la colère légitime de la population kanake.
Il y a 170 ans, la France a débarqué ses troupes en Nouvelle-Calédonie, imposé sa domination sur la population kanake par la violence, des massacres quand elle se révoltait, par l’expulsion des meilleures terres et l’interdiction de circuler librement. Une grande partie de la population a ainsi été décimée.
Pour la bourgeoisie industrielle française, la région est devenue un véritable « pays du nickel », métal présent en grande quantité et issu des exploitations minières. La population kanake, mise au travail forcé, a subi violemment l’exploitation. En vue d’affaiblir leur force sociale, l’impérialisme a importé de la main d’œuvre, rendant petit-à-petit minoritaires les Kanaks sur leurs propres terres.
Après avoir colonisé et soumis les Kanaks, l’État français à déporté en Nouvelle-Calédonie des condamnés à de très longues peines, puis des insurgés de la commune de Paris de 1871.
Il y a aussi attiré des milliers de travailleurs venant de la métropole, en leur promettant là-bas une vie meilleure.
Aujourd’hui, au lieu que ces populations caldoches, kanakes mais aussi asiatiques ou polynésiennes puissent vivre ensemble en s’enrichissant de leurs différences culturelles, l’État français s’applique à les dresser les unes contre les autres et à les diviser. Cela dans le but de protéger les intérêts capitalistes et les fortunes immenses érigées par le minage du nickel et par la spoliation de la population kanake.
Deux poids, deux mesures de la démocratie
Ce ne sont pas des considérations démocratiques ni la volonté de permettre à tous de voter qui ont conduit le gouvernement de français à imposer cette réforme du corps électoral.
En France métropolitaine, l’État n’envisage aucune loi qui accorderait le droit de vote aux travailleurs étrangers quand ils n’ont pas la nationalité française, bien qu’ils y travaillent et y payent leurs impôts !
Cette réforme vise à rendre les Kanaks minoritaires dans leur propre pays, y compris dans leurs bulletins de vote.
C’est une méthode de l’impérialisme pour asseoir sa domination économique et politique.
Une colère qui gronde…
Mais les causes de la révolte de la population kanake sont bien plus anciennes et profondes ! Dès le début de la colonisation et encore dans les années 1980, la violence de l’impérialisme français a engendré des révoltes réprimées dans le sang. Et la répression se poursuit encore aujourd’hui.
Car depuis 1946, année officielle de l’abolition du travail forcé et des interdictions de circulation pour les kanaks, la misère, le racisme et le mépris colonial n’ont en rien disparus !
La population kanake, encore plus que les autres sur l’archipel, est confrontée à la pauvreté et au chômage, elle reste reléguée aux quartiers les plus reculés de la capitale. Elle subit en première ligne les conséquences de la montée des prix et des installations publiques insuffisantes qui rendent l’accès à l’eau, à la nourriture et aux soins très précaire.
Une répression généralisée
La population pauvre des anciennes colonies de la France, renommées Territoires ou Départements, comme Mayotte, la Réunion, Martinique, Guadeloupe, Guyane, Papouasie Nouvelle-Guinée… se reconnaît dans la révolte kanake, car elle vit les mêmes problèmes de chômage, de coût de la vie, de manque de logement, d’eau et d’infrastructures essentielles.
L’oppression de l’impérialisme sème partout les graines de la révolte.
Celle-ci pourra être porteuse d’émancipation si les travailleurs s’allient par-delà les frontières contre leur ennemi : la grande bourgeoisie et son système capitaliste.