Le ministre de la santé Franck Vandenbroucke annonce « une prime d’encouragement » de 985 euros pour le personnel soignant. De leur côté, les organisations patronales et syndicales de la santé se sont mises d’accord sur l’utilisation d’un budget de 600 millions € destinés à des augmentations de salaires et de meilleures conditions de travail. Mais en même temps, le parlement est sur le point de voter une loi pour rendre possible la délégation de certains soins infirmiers à des aides-soignantes, à des étudiants ou des stagiaires voir des personnes sans aucune formation.
Ce projet provoque la colère des infirmiers, qui y voient une façon d’aider les patrons du secteur à résoudre le problème de pénurie de personnel sans recruter, sans augmenter les salaires et améliorer les conditions de travail.
Le texte de la loi pour autoriser cette délégation des soins limite cette autorisation jusqu’au 1er avril. Mais les problèmes de pénurie n’auront pas disparu à cette date, et rien ne garantit que cette délégation ne devienne permanente.
Depuis le début de l’épidémie, face aux besoins criants d’effectif dans les hôpitaux et les maisons de repos, des étudiants sans contrats, des stagiaires peu rémunérés, des infirmiers et des médecins retraités ont été utilisés pour boucher les trous. Le gouvernement, qui a distribué des milliards aux entreprises, n’a pas levé le petit doigt pour favoriser l’embauche d’infirmières et d’aides soignantes au chômage (il y en a) ou en contrats précaires (il y en a beaucoup), d’assistants administratif et technique, d’aides cuisiniers, de personnel d’entretien et de nettoyage…
Cela n’est pas un oubli. Les gouvernements n’ont aucune intention de revenir sur la politique qu’ils appliquent depuis des années pour transformer les hôpitaux et les maisons de repos en entreprises rentables pour des investisseurs privés. Même si cela provoque des tragédies comme celle du Covid.
Le personnel soignant, sur base d’une dure expérience, à toutes les raisons de se méfier des effets d’annonces, des manœuvres des gouvernements et des patrons. Ils ne réclament pas de primes mais des augmentations de salaires sérieuses, des embauches, des horaires décents. Mais pour obtenir cela, ces travailleurs ne pourront compter que sur la solidarité entre toutes les catégories du personnel, soignant ou non, qui partagent le même sort, pour des luttes d’ampleur.