Lors des élections de novembre 2023 aux Pays-Bas, le parti d’extrême droite PVV « Partij voor de Vrijheid » (« parti pour la liberté ») de Geert Wilders a dominé le scrutin avec 23% des voix.
Depuis des dizaines d’années, Geert Wilders – ancien membre du parti libéral VVD – déblatère ses propos racistes et islamophobes, agrémentés de démagogie sociale sur tous les plateaux et au parlement. Il a désormais formé un gouvernement avec des partis de droite et d’extrême droite.
Cette victoire de l’extrême droite suit celle du BBB : « Boer Burger Beweging » ( « mouvement citoyen-agriculteur ») aux élections sénatoriales de mars 2023. La victoire du BBB avait suivi les importantes mobilisations des agriculteurs aux Pays-Bas sur leurs conditions de vie et contre les normes environnementales. Le BBB prétendait défendre les agriculteurs en supprimant les normes environnementales européennes et accompagne ce discours d’une démagogie anti-immigrés, tout comme Geert Wilders.
Les partis de gouvernement ouvrent la voie à l’extrême droite
Tous les partis de gouvernement : libéraux, socialistes, centristes, etc ont couru derrière la démagogie anti-immigrés de Geert Wilders. Ils ont mené au gouvernement des politiques contre les immigrés, et ont repris les discours racistes, nationalistes et réactionnaires de l’extrême droite. A tel point que lors de la campagne, Wilders apparaissait en comparaison presque comme un modéré !
Six mois après le scrutin, le PVV s’apprête à former un gouvernement avec le parti libéral VVD, le parti de centre-droite NSC et le parti agrarien BBB. Loin d’avoir empêché la montée de l’extrême droite, ces partis ont non seulement repris ses thèmes et ses discours mais gouvernent désormais avec l’extrême droite !
Un programme de gouvernement de division…
Alors que les principales préoccupations de la population concernent le pouvoir d’achat et les soins de santé, le nouveau gouvernement se prépare à diriger ses coups contre les immigrés et semer le poison de la division parmi les travailleurs.
Le programme de gouvernement promet de renforcer le contrôle aux frontières et rend le regroupement familial encore plus compliqué. Les migrants y sont systématiquement criminalisés, leur surveillance est accrue et les demandeurs d’asile seront enfermés dans des conditions toujours plus dures. Alors que la crise du logement est particulièrement aiguë aux Pays-Bas, les immigrés en sont rendus responsables et leur accès aux logements sociaux sera encore davantage compliqué.
Les principales organisations patronales (VNO-NCW et MKB-Nederland), si elles ne s’opposent pas toujours à la répression contre les travailleurs immigrés, ont déjà fait savoir qu’il était hors de question de limiter l’immigration dans les secteurs comme les soins de santé et les secteurs technologiques. Ces secteurs ne fonctionneraient pas sans les milliers de travailleurs étrangers. En matière d’immigration, comme ailleurs, le gouvernement néerlandais sera probablement amené à se plier aux impératifs patronaux.
… et au service du patronat
Car l’extrême droite et ce nouveau gouvernement sont bien au service du patronat. Le gouvernement PVV prévoit déjà des mesures d’austérité pour financer les hausses de dépenses militaires et les cadeaux au patronat – comme les 2,5 milliards d’euros que le gouvernement vient de débourser pour le groupe de semi-conducteur ASML.
Le gouvernement annonce déjà des coupes dans les budgets des maladies chroniques, le soin aux personnes âgées, et l’enseignement. Et il revient sur plusieurs mesures sociales comme la hausse du salaire minimum, et augmente la TVA sur toute une série de produits.
Quant aux suppressions de normes environnementales pour les agriculteurs promises par le gouvernement, elles enrichiront probablement les plus gros producteurs et détruiront directement la santé et l’environnement des agriculteurs eux-mêmes.
Un haut fonctionnaire « loyal » à la tête du gouvernement
Finalement, Geert Wilders ne dirigera pas lui-même le gouvernement, il a confié le poste de premier ministre à Dick Schoof. Cet ancien directeur des services de renseignement a de quoi rassurer la bourgeoisie. Il est qualifié de « fonctionnaire très loyal et dévoué » par un ancien commissaire européen.
Comme directeur des services de renseignement, il avait notamment fait surveiller et pister les comptes privés de citoyens, et mandaté des entreprises privées pour surveiller et infiltrer des mosquées.
Contre l’extrême droite et le patronat, les travailleurs ne peuvent compter que sur leur propre force
Comme en Belgique, en France et partout en Europe, l’extrême droite progresse aux Pays-Bas et sème la division. Les partis de gouvernement lui ont ouvert la voie en imposant l’austérité à la population, en réduisant les services publics et en reprenant à leur compte ses politiques réactionnaires, voire en gouvernant directement avec l’extrême droite. Loin d’être un barrage, ils lui ont créé une autoroute !
Seules des luttes d’envergure, dirigées par les travailleurs, permettront de faire reculer l’extrême droite et le poison de la division qu’elle sème. Car dans les luttes sociales, les travailleurs de toutes les nationalités peuvent s’unir contre leur ennemi commun patronal ! Et cela fait immanquablement reculer les préjugés racistes et la division entre les travailleurs.