« Acheter wallon » est le nom du nouveau programme du gouvernement wallon pour promouvoir le « patriotisme économique wallon ». « Pour booster le rétablissement de l’économie wallonne, les consommateurs, les entreprises et les pouvoirs publics doivent consommer plus local », voilà le message. Le gouvernement veut donc introduire des mesures qui inciteraient à acheter local, tout en promouvant les exportations des entreprises situées en Wallonie.
On pourrait, par patriotisme, manger des kilos de fromage de Herve en buvant de la bière, mais on le ferait tout nus, car il n’y a pas de coton pour faire des jeans et des t-shirts wallons. On le ferait à pied, car la Wallonie ne produit ni voitures, ni trains, ni pétrole. Et on pourrait oublier les smartphones, ordinateurs et même la lumière électrique, car la Wallonie ne produit pas le cuivre nécessaire pour tout ce qui est électrique…
En réalité les déclarations du gouvernement wallon sont du bluff. Car il n’y a pas une seulepartie du monde qui ne soit pas intégrée dans l’ensemble de l’économie capitaliste mondiale et la Wallonie n’est pas une exception. Mais comme le ridicule ne tue pas, les ministres wallons peuvent faire semblant de faire quelque chose, alors qu’ils sont impuissants devant le développement de la crise.
Plus la crise s’aggrave, plus le « patriotisme économique » dans ses différentes formes a la cote chez les démagogues de droite comme chez les démagogues prétendument de gauche. De Le Pen à Mélenchon en France, en passant par les défenseurs du Brexit, jusqu’au nouveau président des Etats-Unis qui se définit comme un « nationaliste économique » et le formule plus justement par « Les entreprises américaines d’abord ! ».
Et c’est en effet de cela qu’il s’agit : dans une économie mondiale en panne, sur des marchés qui se rétrécissent, les entreprises ne peuvent maintenir ou agrandir leurs parts de marché qu’en les prenant à leurs concurrentes. Dans ce contexte où la concurrence capitaliste prend des formes de plus en plus agressives, les grandes entreprises comptent davantage encore qu’avant sur leurs Etats nationaux pour protéger leurs propres marchés contre les concurrents, et pour les aider à pénétrer ceux des autres.
Dans cette guerre économique, la Wallonie ou la Belgique ne feront pas le poids, mais cela n’empêche pas Magnette de jouer lui aussi sur ladémagogie. Ne fut-ce que pour faire oublier aux travailleurs la baisse du niveau de vie et les reculs sociaux que les capitalistes et les gouvernements à leurservice imposent aux travailleurs ici même, comme dans tous les pays. Que le « patriotisme économique » soit proféré dans une grande puissance comme les Etats-Unis ou dans la petite Wallonie, ces discours visent tous la même chose : nous faire croire qu’en défendant les intérêts des capitalistes nationaux, voire des capitalistes locaux, nous défendons nos intérêts de travailleurs.
C’est le contraire qui est vrai. C’est aux travailleurs que sont imposées des dégradations des conditions de travail et des salaires sous prétexte de rester compétitifs. Mais cette « compétitivité » n’empêche pas les mêmes entreprises de distribuer des milliards de dividendes aux actionnaires. S’il faut être plus « compétitifs », pourquoi ne diminuent-ils pas leurs profits plutôt que nos salaires ?
Et il ne faut pas oublier que lors de la dernière grande crise du capitalisme qui a éclaté en 1929, la guerre économique qu’elle a déclenchée a fini par devenir une guerre tout court. Au lieu de consommer « patriotique », c’est au nom du patriotisme que les enfants des travailleurs devaient supporter la faim, quand ce n’était pas mourir sur les fronts et sous les bombes. Nous n’en sommes pas encore là. Et il est encore temps de mener notre propre combat pour éviter que l’histoire se reproduise!
Face à la crise et à l’avenir qu’elle prépare, les travailleurs ont leurs propres intérêts à faire valoir ! Il ne peut être question de continuer à faire des sacrifices au nom de cette folie où d’un côté des milliers de milliards se concentrent dans les mains de quelques-uns alors que de l’autre, même dans les pays riches comme la Belgique, l’accès aux soins, à l’éducation, à une vie et une vieillesse dignes, est de plus en plus barré aux travailleurs et leurs familles, alors que ce sont eux qui créent toutes les richesses!
Le capitalisme est incapable d’offrir autre chose aux masses laborieuses que des crises et des guerres. Il faut mettre fin à ce système qui est en faillite depuis longtemps.
Dans tous les pays, il y a des travailleurs conscients de cela. Se donner la perspective d’arracher les rênes de l’économie aux capitalistes et de convaincre d’autres de cet objectif, représente l’avenir : pour la classe ouvrière et pour l’humanité toute entière !