Les futurs prépensionnés doivent-ils chercher du travail de manière « passive » ou « adaptée » ? Pendant que ministres et dirigeants syndicaux amusent la galerie par cette bataille de mots digne d’un spectacle de guignol pour enfants, la lutte de classe menée par le patronat continue sans pitié.
Le gouvernement n’a reculé sur rien, et dans les entreprises, les patrons se sentent les mains libres pour imposer leur volonté à tout va. Et non seulement, les futurs prépensionnés seront des chômeurs comme les autres, mais il est clair désormais que la classe capitaliste ne se sent tenue par aucun accord fut-il signé par un patron.
La mesure sur les prépensionnés, une mesure parmi beaucoup d’autres, a frappé les esprits par son absurdité évidente. Non, le gouvernement ne cherche pas à trouver des solutions pour l’emploi, pour le bien de tous, comme le prétendent les menteurs professionnels qui gouvernent dans l’intérêt des capitalistes.
Il n’y a qu’une seule raison à tout cela. C’est que tout ce que les travailleurs perdent, augmente les profits des capitalistes.
En effet, une étude d’Oxfam révèle que le 1% des plus riches du monde possède aujourd’hui 48% des richesses, quasiment autant que les 99% restants de l’humanité. Depuis 2009, cette part des richesses a augmenté de 4%. Pendant cinq ans, les travailleurs, y compris dans les pays riches, ont vu leur niveau de vie reculer. Pourquoi ? Pour exiger des populations le remboursement d’une dette creusée pour sauver la mise aux financiers… Pour augmenter la compétitivité des entreprises… Pour faire face à un déficit de la Sécurité sociale creusé par les entreprises qui payent moins de cotisations…
Des milliards ont ainsi été transférés de nos poches vers les caisses publiques et des caisses publiques vers les caisses privées des banques, de leurs actionnaires et de leurs riches clients. Et cela continue à un rythme de plus en plus effréné.
Loin de nous sauver de la prochaine crise, tout nouveau recul qu’on impose aux travailleurs ne peut qu’engendrer plus de chômage, et des nouveaux effondrements, plus importants encore, car les spéculateurs ont désormais à leur disposition des milliers de milliards d’euros et de dollars supplémentaires.
Ce système, dans lequel le travail des salariés sert à faire grandir les fortunes d’un petit nombre, qui ne savent pourtant plus rien faire avec, à part spéculer, c’est un cancer qu’on ne soignera pas avec des sparadraps. Les prépensions ont permis pendant quelques années de rendre le chômage un peu moins douloureux. Mais même cela, la classe capitaliste veut aujourd’hui en faire l’économie. De la même manière les patrons imposent des plans de licenciements massifs et font la chasse à la moindre seconde de pause et la moindre petite dépense sociale jugées superflues.
Ce système n’est pas humain, il n’est pas viable, il faut le renverser. Il faut arracher l’économie aux capitalistes, pour la soumettre aux intérêts et au contrôle du plus grand nombre. Ce n’est qu’en expropriant les capitalistes que l’exploitation, la misère, les crises et les guerres pour le profit auront une fin.
Nous n’en sommes pas là. Et cela ne sera pas possible sans que les travailleurs se dotent d’un parti révolutionnaire, une organisation militante qui n’a pas peur d’utiliser les rapports de force pour menacer et renverser le pouvoir des capitalistes.
C’est peu dire que les directions syndicales ne sont pas à la hauteur. Attachées par toutes les fibres de leur existence au système capitaliste, elles n’ont pas d’autres perspectives que tenter de sauver à tout prix leur rôle d’intermédiaire et de négociateurs alors que la classe capitaliste est passée à l’attaque aux armes lourdes dans sa guerre contre la classe ouvrière.
Les appels des directions syndicales aux manifestations par province, par secteurs, ne sont pas à la hauteur de la mobilisation nécessaire pour faire reculer le patronat. Mais c’est justement pour cela qu’il ne faut pas qu’on laisse les directions syndicales en faire des manifestations de la résignation. Il faut au contraire s’y inviter pour y faire entendre la voix de la colère.
Il faut qu’on y entende les travailleurs qui ne veulent plus accepter de reculs pour que les milliardaires puissent s’enrichir encore plus ; qui trouveraient normal qu’on prenne sur les profits faramineux pour garantir que chaque travailleur, chaque chômeur, ait un travail et un salaire ; qui pensent que ce n’est pas aux travailleurs de rembourser la dette des banquiers et des riches spéculateurs !