Des millions de Syriens, d’Irakiens, de Libyens, d’Afghans, d’Érythréens, de Soudanais fuient les guerres qui ravagent leurs pays. La plupart d’entre eux trouvent un refuge précaire dans des camps de toile des pays voisins, des pays pauvres, notamment en Turquie, au Liban, en Jordanie.
Seuls quelques centaines de milliers arrivent à passer la Méditerranée au péril de leur vie et cherchent à trouver refuge dans les pays européens. La moindre de choses, la moindre humanité, serait de les accueillir et les secourir. Mais c’est le contraire qui les attend : matraquages à la frontière macédonienne, blocages à la frontière française de Vintimille, barrières en tous genres à Calais, relégation dans des centres fermés, procédures interminables pour obtenir le droit de vivre ici, refoulements hors des frontières…
Pourtant ce sont nos gouvernements de pays riches qui portent une grande part de responsabilité dans cette crise humanitaire.
Ces guerres qui ravagent le Moyen-Orient et l’Afrique ont été entamées par les armées occidentales, les USA, la France, la Belgique aussi, soi-disant pour renverser des dictatures, celle de Saddam Hussein en Irak et de Kadhafi en Libye. Quant à la Syrie, c’est indirectement que les pays riches ont tenté de se débarrasser du dictateur Bachar El Assad. Tous ces dictateurs ont pourtant été des « amis » des gouvernements occidentaux, tant qu’ils permettaient de soumettre les populations de leurs pays au pillage des entreprises occidentales, notamment des compagnies pétrolières.
Mais après, c’est le chaos qui se développe. Le Congo, l’Irak, la Libye, la Syrie, sont partagés entre bandes armées rivales de seigneurs de guerre, dont le seul but est de s’enrichir le plus rapidement possible. Certains arborent le drapeau de l’islam pour commettre leurs exactions, et ramener les peuples des siècles en arrière, mais leurs buts ne sont pas différents.
Après les destructions militaires, au lieu d’aider ces pays à relever le niveau de vie des populations, les entreprises occidentales continuent à piller ces pays, sans retenue. Elles traitent y compris avec les petits seigneurs de guerre qui leur fournissent les matières premières pour un prix dérisoire car ils soumettent la population à un véritable esclavage.
C’est en cela que les intérêts des travailleurs ici et ceux des migrants sont liés.
Ce sont les mêmes banques, les mêmes grandes entreprises qui nous exploitent ici et qui profitent du chaos là-bas pour s’enrichir. Ce sont les mêmes lois du capitalisme qui entraînent un chômage de plus en plus important ici et un quasi esclavage dans ces pays où règne le chaos.
Notre intérêt n’est pas de considérer les migrants comme des concurrents, comme la plupart des politiciens au pouvoir veulent le faire croire. Ils osent dire qu’« il y a déjà trop de chômage ici… qu’on ne peut pas accueillir toute la misère du monde ! » Alors que ce sont les actionnaires des banques et des grandes entreprises qui créent le chômage ici et qui profitent de l’esclavage salarié là-bas ! C’est que tant que nous sommes divisés ils peuvent s’enrichir et dormir sur leurs deux oreilles…
Pour des pays aussi riches que ceux d’Europe, accueillir chaque année de façon décente quelques centaines de milliers de personnes ne coûterait pourtant pas grand-chose, comparé aux sommes consacrées à subventionner leurs capitalistes ou à mener des guerres en Afrique ou au Moyen-Orient. De même qu’il pourrait y avoir un travail et un salaire pour tout le monde, au lieu de quelques grandes fortunes d’un côté et la pauvreté de l’autre !
Les dirigeants du monde capitaliste n’ont pas de solution, ils ne veulent même pas en chercher, car ils en sont les premiers responsables. Aussi ne savent-ils qu’hérisser les frontières de barbelés, voire de murs. Cela n’empêchera pas les pauvres qui fuient les guerres et le chaos d’arriver, mais cela crée les conditions pour des entreprises, les passeurs, les logeurs sans scrupules de les exploiter d’autant plus.
Les migrants ne sont pas nos ennemis, ils sont nos frères.
Non seulement nous faisons partie d’une même humanité, mais ils sont les victimes de la même société d’injustice. Beaucoup diront qu’il n’y a rien de commun entre l’exploitation que subissent les travailleurs ici et la situation désespérée où plonge la population de pays entiers en Afrique ou en Asie, mais c’est faux. Les travailleurs que l’on licencie ici, ou même les agriculteurs qui se plaignent de ne plus pouvoir vivre de leur travail, sont victimes d’un même système capitaliste qui, en obéissant à la seule logique du profit, rend la planète de plus en plus invivable pour la majorité de ses habitants. Un système économique et politique absurde, injuste, violent, inhumain, qu’il est de plus en plus urgent de renverser.