Après l’annonce de De Croo d’une baisse du revenu de 8% des ministres fédéraux, les gouvernements wallon et flamand se sont empressés d’emboîter le pas. La N-VA surenchérit en annonçant des baisses des budgets des cabinets ministériels et des administrations. Et Paul Magnette, président du PS, appelle « tous les hauts salaires à faire un effort » en acceptant une baisse « pour envoyer un signal fort à la population ».
La démagogie de De Croo-Magnette retourne la haine de la population envers les politiciens contre les travailleurs eux-mêmes, en faisant de la baisse du revenu des ministres un argument pour imposer l’arrêt de l’indexation des hauts-salaires, ce qui ne peut que préparer d’autres attaques contre l’indexation des salaires en général.
Tout comme les mesures gouvernementales sur les prix de l’énergie, comme la baisse de la TVA à 6% et le chèque énergie, la taxe sur les « superprofits » n’est qu’un effet d’annonce de plus destiné à calmer la colère de la population.
Ces mesures n’empêchent en rien les capitalistes de l’énergie et les spéculateurs de s’enrichir avec la hausse des prix de l’énergie, poussant à la faillite des petits artisans, faisant peser une menace sur la viabilité des crèches, des maisons de repos et d’autres services publics, et menant une razzia sur les salaires des travailleurs.
L’accès à l’énergie est devenu un problème commun à tous les travailleurs, et nécessiterait une réaction d’ensemble. Les directions syndicales refusent cette mobilisation de grande ampleur. Elles ne proposent que des actions nationales espacées de plusieurs mois alors que les prix augmentent chaque semaine, chaque jour.
Elles appellent à une grève des cheminots pour le 5 octobre, puis des enseignants une semaine plus tard, au lieu de chercher à unir les forces des travailleurs. C’est volontaire. Au lieu d’organiser le front commun de tous les travailleurs, les directions syndicales font front commun avec les gouvernements pour tenter de freiner l’explosion de la colère.
La spéculation aggrave les effets d’une pénurie d’énergie pétrolière et électrique dont le capitalisme est responsable. Les géants de l’énergie ont distribué aux actionnaires les profits réalisés sur le dos de la population sans entretenir les centrales nucléaires ni investir suffisamment dans de nouvelles capacités de production. Au lieu d’être sanctionnés, ils sont récompensés par les hauts prix qu’ils imposent.
Mais cette pénurie et la hausse des prix poussent les autres capitalistes à s’adapter en limitant leur production et en augmentant l’exploitation des ouvriers.
L’entreprise Yara à Tertre, met à l’arrêt sa production d’ammoniac destinée à la fabrication d’engrais agricoles. Dow Silicones à Seneffe planifie l’arrêt de 3 lignes de production pour décembre… tout en augmentant en octobre et novembre les cadences pour remplir ses stocks.
Cette politique se généralise dans de nombreux secteurs industriels et agricoles. Elle prépare les pénuries de demain et de nouvelles explosions des prix.
Les travailleurs sont, eux, confrontés à la fois à une accélération des cadences et aux périodes chômées qui grèvent les salaires. L’indexation des salaires se trouve de fait annulée pour de nombreux travailleurs par les périodes chômées ! Bien sûr, il faut revendiquer des hausses de salaires à la hauteur des prix.
Mais il faudra aussi que les travailleurs contestent la gestion des entreprises qui freinent leur production pour faire monter les prix.
Car les gouvernements ne feront rien pour s’opposer à la désorganisation de l’économie par la concurrence capitaliste et la course au profit maximum.
Après la crise bancaire de 2008, la crise de l’énergie qui fait plonger dans la précarité matérielle des millions de travailleurs et de petits artisans, révèle une nouvelle fois l’irresponsabilité complète de la classe capitaliste. Elle amplifie les effets de l’inflation et des pénuries alimentaires qui poussent vers la famine des centaines de millions de personnes, du Brésil à l’Inde, en passant par l’Afrique.
Où est l’issue ? La classe ouvrière, ces « métiers essentiels » qui font tout fonctionner, a les compétences et les ressources nécessaires pour gérer de façon rationnelle l’économie et les entreprises selon les besoins de toute la population. C’est le droit de propriété des capitalistes sur les capitaux, sur les entreprises, sur les moyens de produire, de se chauffer, de manger, qu’il faut supprimer. Une société communiste mondiale dirigée par l’ensemble des travailleurs n’est pas une utopie. Au contraire : elle est en retard sur les évènements !