Plus de 21.000 morts lors de la construction du projet The Line dans le désert saoudien. C’est ce que révèle un documentaire de la chaîne britannique ITV. Ce projet digne d’un film de science-fiction, qui vise à construire une ville luxueuse en un seul bloc, avec les riches en haut, et les domestiques dans les sous-sols, est à lui seul un concentré de l’exploitation capitaliste la plus barbare, pour le plus grand profit des entreprises occidentales.
The Line s’inscrit dans une série de projets mégalomanes planifiés par le dictateur d’Arabie saoudite, Mohammed Ben Salmane (MBS). Celui-ci a prévu un plan de 500 milliards de dollars d’ici 2030 pour construire cette ville, ainsi que d’énormes hôtels de luxe, une station de ski (au milieu du désert !) ou encore le plus grand port flottant du monde, le tout à la pointe de la technologie.
Ces projets aberrants tout droit sortis de la tête illuminée du prince saoudien semblent irréalisables. Le projet The Line, qui devait faire 170 km de long, a par exemple été réduit à… 2,4 km. Et il n’en est qu’au début de sa réalisation.
Cela n’empêche pas de nombreuses entreprises occidentales de se jeter sur l’occasion pour réaliser d’énormes profits. Il faut dire que MBS a des arguments : les projets ne seront pas taxés d’un centime, et tous les cadres qui travaillent sur le projet auraient un salaire de minimum un million par an.
De nombreux groupes participent donc aux projets, comme les allemands Bauer et Keller Group, le français Soletanche Bachy et EDF, le groupe canadien Atkins Réalis et aussi des entreprises belges comme le promoteur immobilier Besix ou le constructeur en robotique Zorabots.
Ces entreprises profitent de cette manière de la manne pétrolière de l’Arabie saoudite, à la manière des « éléphants blancs » du Zaïre de Mobutu, ces immenses projets inutiles pour la population, mais très rentables pour les profits des capitalistes occidentaux, sur fond de corruption.
Les capitalistes occidentaux sont ainsi responsables de la barbarie du régime saoudien. Car le projet, qui a commencé en 2016, s’est fait dans le sang et la sueur. À commencer par celle des 20.000 anciens habitants de la zone, qui ont été expulsés de leurs terres avec un dédommagement ridicule. Les villageois qui résistaient ont été harcelés, assiégés militairement, menacés de morts et de prison, et plusieurs personnes qui ont simplement dénoncé leur expulsion sur les réseaux sociaux ont effectivement subi une condamnation à mort ou un enfermement à vie. L’un des protestataires, Abdul Rahim Al Huwaiti a même été tué lors d’une descente de police.
Les travailleurs du chantier sont majoritairement des étrangers, issus d’Inde, du Bangladesh et du Népal, et subissent une exploitation forcenée. Le dirigeant du chantier, l’ancien dirigeant de Warner Bros, Wayne Borg, insultait régulièrement les travailleurs de manière raciste, et s’est plaint de devoir annuler une réunion « simplement parce qu’il y avait eu quelques morts », avant d’être licencié pour limiter le scandale.
Mais son licenciement n’a rien changé aux conditions de travail des ouvriers. Ceux-ci sont traités comme des esclaves, travaillant 16 heures par jour, avec un jour de repos seulement tous les 14 jours, quand il est maintenu. Le salaire y est rarement versé. Le manque de sommeil et la chaleur ont poussé à bout des dizaines de milliers de travailleurs, et selon les décomptes des autorités des pays d’origine des travailleurs, plus de 21.000 seraient morts et 100.000 disparus…
Les entreprises responsables de ces morts sont les mêmes qui exploitent les travailleurs ici en Europe. Elles n’ont aucune limite morale pour réaliser leurs profits. Ce sont le même type de patrons qui ont organisé l’esclavage et la colonisation, qui continuent une exploitation brutale partout dans le monde, et qui organisent des guerres lorsque cela leur permet de maintenir leur domination.
La seule limite que les travailleurs peuvent leur opposer, en Arabie saoudite comme ailleurs, c’est leurs luttes, comme le documentaire d’ITV en montre plusieurs malgré la répression féroce en Arabie saoudite. Des luttes qui devront aller jusqu’au renversement de ces barbares assoiffés de profits !