Lundi 10 mars, ils étaient un millier de manifestants à répondre à l’appel de la FGTB pour protester contre l’exclusion de dizaines de milliers de chômeurs. Parmi eux, des délégués syndicaux, des travailleurs mais aussi des chômeurs ramenés par le groupe des travailleurs sans emploi de la FGTB-Centre. Lors des discours syndicaux, une remarque a été largement approuvée: que cette attaque était une attaque contre tous les travailleurs parce qu’elle permettrait aux patrons de faire pression sur l’ensemble des salaires ! L’exigence du retrait pur et simple de cette mesure faisait l’unanimité.
Une délégation a ensuite été reçue par le bourgmestre (PS) Jaques Gobert, en tant président de l’Union des Villes et des Communes. Sur le parvis de l’hôtel de ville, une troupe de comédiens proposa la parole aux manifestants, ce dont certain ne se privèrent pas, pour dénoncer la trahison du PS et expliquer qu’on va devoir se battre.
Après trois quarts d’heures, la délégation est ressortie, et un permanent syndical a tenté d’expliquer la position du bourgmestre. « Où est-il ? On veut le voir ! » ont immédiatement protestés des manifestants. Décontenancé, le permanent a répété les mots du bourgmestre « en tant président de l’Union des villes et des communes, je n’ai aucun pouvoir politique » – cris : « à quoi est-ce qu’il sert alors ?! » ; « qu’il dégage ! » Par la bouche du permanent toujours, Jacques Gobert assurait les manifestants qu’il « répercuterait leurs préoccupations auprès du gouvernement »… comme si le gouvernement ne savait pas ! L’air de Dalida, Paroles, paroles et encore des paroles, s’éleva spontanément de la bouche de dizaines de manifestants.
La tension monta d’un cran, une partie des manifestants réclamant de marcher sur l’ONEM. Le responsable de la FGTB, reconnaissant qu’il ne s’attendait pas à une telle mobilisation, visiblement inquiet, accepta le principe d’une telle marche. Un cortège petit mais animé se mit en route à travers les rues de La Louvière. Passant devant les carcasses désossées de l’usine Boch, les jeunes manifestants réclamaient du travail, des usines ! Y’en a marre du harcèlement !
Arrivés devant le bâtiment de l’ONEM, qu’ils ne connaissent que trop bien, la colère des chômeurs s’exprima de plus belle. Leur ras-le bol des contrôles, des méthodes humiliantes, étaient d’autant mieux amplifiées par la sono syndicale que les chômeurs se rapprochaient du permanent et de son micro. Celui-ci tentait de calmer les manifestants en leur demandant de rester dignes. Mais la dignité, voilà précisément ce que veulent conquérir ces hommes et ces femmes.
Finalement, c’est l’idée juste de devenir plus nombreux, venant des manifestants eux-mêmes, trouva un écho jusque chez les plus énervés.
A la prochaine mobilisation donc !