Alors que son parti est talonné par le PTB dans les sondages et que l’ancien dirigeant de la FGTB, Marc Goblet, dépose un projet de loi sur les salaires avec les députés PTB, le président du PS, Paul Magnette, a estimé opportun de prendre quelques postures d’apparence radicales dans la presse. « L’idée du socialisme revient » explique-t-il, en prenant l’exemple… de Joe Biden : avec son plan de relance, le « nouveau Président américain donne une direction pratique aux appels solennels lancés par des autorités morales telles que Greta Thunberg et le Pape François ». Bigre !
Mais en fait de socialisme Paul Magnette précise qu’il s’agit d’un « écosocialisme » dont le but est « une société sans carbone » (comprenez « qui réduit les gaz à effet de serre »)… pas une société sans classe – débarrassée des parasites capitalistes – pour laquelle les socialiste se battaient quand leur parti était encore révolutionnaire.
Faisant le constat que « les 1 % les plus riches émettent plus de carbone que la moitié la plus pauvre de la planète », Paul Magnette conclu qu’ « attaquer de front les injustices sociales est la seule manière de lutter contre le réchauffement climatique ». Qu’est-ce que cela veut dire ? Exproprier les plus riches ? Réduire fortement les bénéfices des banques et des grandes entreprises ? Permettre aux travailleurs de contrôler la production pour s’opposer aux licenciements ?
Non ! Pour soumettre la classe capitaliste à ces objectifs, il faudrait développer la lutte de classes et défendre la révolution. Paul Magnette préfère, lui, s’en remettre au pape et voudrait nous faire croire que la victoire de Joe Biden et de son parti serait le « lumineux symbole » d’ « un projet de réenracinement de l’économie dans un ordre moral plaçant l’humain et la terre au-dessus du profit ». Des propos de charlatan !
Car ce n’est pas un secret que Joe Biden, et avec lui le parti démocrate, votent depuis des années toutes les lois pro-patrons qui appauvrissent les travailleurs américains, et en premier lieux les travailleurs les plus exploités : les immigrés, les travailleurs noirs, les femmes… Et ce n’est pas non plus un secret que le parti démocrate a soutenu et soutient toutes les guerres menées par les troupes américaines, qu’il envoie les enfants des travailleurs américains mourir à l’étranger pour tuer les travailleurs des pays opprimés par l’impérialisme américaine. Voilà de quoi Joe Biden est véritablement le symbole : celui du pouvoir des capitalistes américains. C’est d’ailleurs avec leur argent qu’il a pu se faire élire !
Alors pourquoi Paul Magnette, qui n’est ni un ignorant ni un idiot, recommande-t-il aux électeurs du PS de placer leurs espoirs dans le symbole « Joe Biden » ? Pourquoi prétend-il que l’élection d’un homme qui est dans la politique depuis 1972, et qui a eu tout le temps pour montrer qu’il servait la classe bourgeoise américaine, serait un signe de changement ? Et alors que la crise du coronavirus démontre à tous l’incapacité des gouvernements à agir contre l’intérêt des capitalistes dans l’intérêt des travailleurs, pourquoi prétend-il que la « fracture horizontale entre les élites et le peuple d’en bas (…) [est une] représentation du monde caduque » ?
La réponse est simple : Paul Magnette est un soutien du capitalisme, il voudrait juste l’améliorer un peu, il n’a jamais adhéré aux perspectives révolutionnaires des socialistes du début. Magnette refuse d’envisager que la classe ouvrière puisse s’organiser pour prendre le pouvoir elle-même et diriger la société. Il préfère croire au Pape François, allumer un cierge à Joe Biden, en berçant les électeurs du PS d’illusions sur les futures politiques du nouveau président américain.
Mais la crise économique va bousculer l’illusionniste Paul Magnette. Dans cette société, ce sont les travailleuses et les travailleurs qui font tout ! Ce sont eux qui soignent les malades, qui éduquent les enfants et prennent soin des personnes âgées ! Ce sont eux qui produisent toutes les richesses, des voitures jusqu’aux vaccins, en passant par les trains, les ordinateurs, la nourriture, les vêtements ou les fusées ! Mais c’est à ceux-là, qui produisent toutes les richesses, que les capitalistes et les Magnette à leur solde, se préparent à faire payer les frais de la crise, à rembourser les milliards de cadeaux aux banques et au patronat !
Les ouvriers, employés cadres et ingénieurs – la classe ouvrière – connaissent bien le fonctionnement des entreprises, la manière dont toutes pourraient être administrées dans l’intérêt général de la population. Les travailleurs seraient bien mieux capables de diriger la société, d’autant mieux qu’ils ne seraient pas aveuglés par la recherche du profit personnel.
Pour diriger la société, la classe ouvrière devra se hisser au pouvoir et donc renverser la bourgeoisie… qui ne se laissera pas faire. Pour y arriver, l’histoire du mouvement ouvrier démontre qu’il est nécessaire que les travailleurs se dotent d’un parti qui défend leurs intérêts de classes. Aujourd’hui, c’est vrai, ce parti n’existe plus. Mais il ne manque pas, parmi les travailleurs, de femmes et d’hommes capables de le reconstruire. C’est d’eux dont dépend l’avenir de l’humanité.