L’Ukraine, notre avenir à tous ?

Le 18 mai, la nouvelle loi de mobilisation est entrée en vigueur en Ukraine. Afin de recruter plus de soldats, le gouvernement de Zelensky a voté une série de mesures qui témoignent de la difficulté de l’armée ukrainienne à recruter. 

Plus le temps passe, plus la population est lassée de la guerre et plus la corruption viscérale des « élites » qui gouvernent l’Ukraine saute aux yeux. La mobilisation en est elle-même une illustration. 

Pour tenter de désamorcer les critiques largement répandues, il a été annoncé que les enfants des ministres et des députés devraient rendre compte de leur situation militaire, alors que, de notoriété publique, ils bénéficient d’exemptions de complaisance ou « font des études » à l’étranger !

Tous les motifs médicaux ou scolaires d’exemption des hommes de 18 à 60 ans ont été revus à la baisse, une liste de maladies, jusqu’alors rédhibitoires, a été modifiée pour pouvoir mobiliser comme « apte limité » ! Le tout, bien sûr, en détaillant quelles sanctions seront prises contre les récalcitrants : privation de passeport, gel des comptes bancaires, amendes et envoi immédiat au Bureau régional de mobilisation (BRM) puis au front, après un mois de classes… 

Cela provoque parfois des émeutes, comme à Vynohradiv le 3 mai, en Transcarpathie, où la police a ouvert le feu pour dégager le BRM qu’encerclaient des manifestants en colère.

Les Ukrainiens résidant à l’étranger sont aussi ciblés : ils ne pourront plus recevoir de passeport ni de services consulaires sans document d’enregistrement militaire. 

L’état-major ukrainien mobilisera également des prisonniers de droit commun en échange de remises de
peine. La presse occidentale n’en parle guère, alors qu’elle s’étranglait d’indignation quand le sinistre Prigojine allait recruter dans les prisons de Poutine pour fournir son armée en chair à canon.

Mais les opposants à la loi mobilisation dénoncent aussi l’abaissement de l’âge de mobilisation à 25 ans plutôt que 27. Taras Chmut, un analyste militaire influent à Kiev, se désole que « la société ukrainienne réagisse négativement » à la perspective d’étendre la mobilisation. Mais après plus de deux ans de guerre, comment ne pas être révolté par cette boucherie ! 

Et comment croire que plus d’armes et de jeunes soldats permettraient de mettre fin à la guerre, quand au sacrifice de jeunes ukrainiens répond simplement celui de jeunes russes ?

Pendant ce temps, un groupe de créanciers de l’Ukraine a haussé le ton. Composé de BlackRock et Pimco, qui détiennent 20 % de la dette publique de l’Ukraine, il a exigé qu’elle en reprenne le paiement, plus ou moins interrompu par la guerre.

Le front ukrainien est peut-être près de craquer, le pays est saigné à blanc financièrement, sa population peut mourir sous les bombes ou dans les tranchées, mais pas avant d’avoir enrichi les vautours de la finance occidentale.