Les dirigeants du monde impérialiste se sont succédé au triple sommet à Bruxelles de l’OTAN, du G7 et de l’Union européenne pour répéter qu’ils ne souhaitent pas la guerre… tout en annonçant des augmentations drastiques de leurs budgets militaires, le renforcement des forces militaires en Pologne, dans les pays baltes, en Hongrie, Slovaquie, Roumanie et Bulgarie, et le soutien à l’effort de guerre de l’Ukraine de 500 millions d’euros supplémentaires, rien que pour l’Union européenne.
En vérité, la guerre a pris une nouvelle ampleur.
Des villes de près d’un million d’habitants comme Kharkiv ou Marioupol sont maintenant bombardées massivement par l’armée russe. Des quartiers entiers ont été détruits et les victimes civiles se comptent désormais par milliers.
Si Poutine a probablement misé sur une intervention courte et un effondrement rapide du pouvoir ukrainien, c’est l’inverse qui s’est passé. Et maintenant l’engrenage fait que personne ne peut dire quand cette guerre finira, ni quelles vont être ses répercussions. Ce qui est certain, c’est qu’elles seront mondiales.
Déjà, en Europe, de plus en plus d’entreprises ont des problèmes d’approvisionnement. Dans l’industrie automobile, des chaines d’approvisionnement sont interrompues : faisceaux de câbles, cuir, noir de carbone qui est nécessaire à la fabrication de pneus… ont contraints VW ou aussi Michelin à suspendre la production dans plusieurs usines. Le nickel est devenu quatre fois plus cher. Les prix du pétrole et d’autres matières premières explosent. L’industrie agroalimentaire craint des pénuries de céréales, d’huile de tournesol et d’engrais.
Une multitude d’incertitudes supplémentaires bousculent les rapports de force économiques et elles auront comme effet d’attiser la guerre commerciale.
Dans les pays pauvres, l’impact risque d’être pire. La hausse vertigineuse des prix du blé annonce « des désastres humanitaires avec une forte augmentation de la pauvreté et de la faim », a dit l’un des dirigeants du Fonds Monétaire International. C’est-à-dire qu’en Afrique, au Proche-Orient, en Inde, des famines vont toucher des millions de gens. Elles entraîneront sûrement des révoltes. Et les dirigeants de ces pays pourraient chercher à détourner la colère des masses vers le nationalisme et la guerre, pour dresser les peuples les uns contre les autres, par exemple, entre l’Inde et le Pakistan, ou entre le Maroc et l’Algérie. De la guerre commerciale à la guerre tout court, il n’y a qu’un pas, surtout dans une économie mondiale complètement déstabilisée.
Gouvernements et médias, à l’unisson, cherchent déjà à nous embrigader. Ils nous abreuvent de discours sur « le droit des nations », sur la « paix » et la « liberté », dont l’Europe, les Etats-Unis et les autres pays de l’OTAN seraient les gardiens. Les États-Unis défenseurs du droit des peuples ? Ils sont les plus grands fauteurs de guerres ! En Ukraine, ils ont fait largement monter la tension. Et aujourd’hui, en Asie, ils remettent ça, en profitant de la situation pour accentuer leur pression sur la Chine. Tout en affirmant ne pas vouloir une « nouvelle guerre froide » avec ce pays, le président des États-Unis a menacé la Chine, au prétexte que les déclarations diplomatiques de celle-ci ne sont pas assez fermement anti-russes.
Et la Belgique est de la partie. Ce n’est pas pour rien que le siège de l’OTAN se trouve en Belgique, partenaire fiable de toutes les interventions, de l’Afghanistan jusqu’au Mali, en passant par l’Irak et la Syrie. Et l’industrie belge de l’armement y trouve son compte.
Dans cette guerre, les exploités n’ont pas de camp. Celui de Poutine n’est pas meilleur que celui de l’OTAN. La dictature contre le peuple russe est terrible et, il y a quelques mois, c’est l’armée russe qui est allée réprimer la population du Kazakhstan qui se révoltait contre la vie chère. Et là, Poutine a eu la bénédiction des dirigeants de l’OTAN.
Le capitalisme mène le monde à la catastrophe avec la peau des peuples. Avec la guerre en Ukraine, on voit bien que ce ne sont pas les oligarques russes ou ukrainiens qui prennent les bombes sur la figure ou doivent fuir sur les routes en abandonnant tout !
Ce sont les travailleurs du monde entier qui en payeront le tribut. Mais les exploités représentent une force considérable capable de renverser cet ordre social mondial immonde. Ce qui leur manque, c’est de retrouver le moyen de s’organiser et de s’unir pour se battre pour leurs intérêts de classe. Alors, ne les laissons pas nous embrigader derrière leurs intérêts funestes et commençons à organiser notre propre camp pour défendre nos propres intérêts de travailleurs. C’est le seul camp qui n’a aucun intérêt à la guerre, car c’est le camp de tous ceux qui n’exploitent personne.