Libye: Mort d’un bourreau

Le trafiquant d’êtres humains libyen Abdelrahman Milad, surnommé Bija, est mort dans une fusillade le 1er septembre. À la fois garde-côte et passeur, il représente bien la barbarie de la politique européenne de la migration.  

En effet, il était présent lors de la signature d’un accord entre l’Union européenne et la Libye en 2017. Cet accord, à l’initiative de l’Union européenne, soutenait la création d’une “zone de sauvetage” libyenne le long des côtes.

Avant ça, les bateaux qui secouraient des migrants près de la Libye devaient les ramener dans un port européen, les seuls ports considérés comme sûrs dans la région. La création de cette zone libyenne donnait la responsabilité du sauvetage de bateaux en difficulté, majoritairement des bateaux de migrants, à la Libye… qui était en pleine guerre civile !

Cet accord s’accompagne encore aujourd’hui, de centaines de millions d’euros versés à la Libye pour l’aider à « sauver » des migrants. Sauf que les autorités européennes savaient très bien que ça ne contribuerait pas à améliorer la sécurité dans la Méditerranée, bien au contraire. Non seulement les autorités libyennes n’ont pas d’unité chargée de secourir les migrants, et laissent couler les bateaux qui appellent à l’aide. Mais en plus, cela a ouvert la voie à un véritable trafic d’êtres humains. 

Car les garde-côtes libyens comme Bija, avec la complicité des milices qui se partagent le pays, traquent les migrants pour les prendre en otage. Pour cela, ils peuvent compter sur l’aide de l’agence européenne des gardes côtes Frontex, qui envoie ses drones dans la zone. Mais les garde-côtes libyens n’ont en réalité pas tellement de mal à retrouver les embarcations, car ce sont eux-mêmes qui jouent le rôle de passeur, comme le faisait Bija.

Une fois repérés, les garde-côtes arrêtent brutalement les bateaux, frappant les occupants, tirant dans l’eau juste à côté d’eux. Ces migrants sont ramenés dans des prisons insalubres ou pire, dans des centres clandestins gérés par des milices, où ils sont torturés, violés, mutilés, et des vidéos sont envoyées à leurs familles pour obtenir de l’argent, ceux ne pouvant pas payer étant réduits en esclavage. 

UE criminelle

L’hypocrisie de l’Union européenne a été dénoncée par un rapport de Human Rights Watch sur les garde-côtes chypriotes et libanais. Ces garde-côtes sont financés par l’Union européenne afin de « mieux protéger les frontières »… Ils  renvoient en fait les migrants en Syrie, où les attendent violence et misère. Mais avec le milliard d’euros qui vient d’être octroyé au Liban pour repousser les migrants, il y a de quoi ouvrir au moins quatre hôpitaux, et embaucher des milliers de travailleurs, européens ou non, pour les faire fonctionner !

Les dirigeants européens prétendent verser de chaudes larmes lors du naufrage de bateaux de migrants. En réalité, ils sont les premiers coupables !