Loi «Immigration» : contre tous les travailleurs
En France, la loi « Immigration » a obtenu la majorité le 19 décembre dernier. Proposée par le parti de Macron, elle a été soutenue par la droite et l’extrême droite dont le parti « Rassemblement national » de Le Pen. Cette loi abjecte a été dénoncée par les associations d’aide aux immigrés comme le texte « le plus régressif depuis au moins quarante ans ». Attente pour l’obtention des droits sociaux, durcissement du regroupement familial, fin du «droit du sol» pour les enfants nés en France : c’est une véritable gifle pour l’ensemble des immigrés.
Cette loi est fondamentalement anti-ouvrière car attaquer les immigrés, c’est d’abord et avant tout s’en prendre à des travailleuses et à des travailleurs. C’est s’en prendre aux plus précaires parmi les travailleurs : à celles et ceux qui se lèvent tôt pour gagner leur vie dans les métiers les plus pénibles et les plus mal payés.
Dans une récente étude de l’Insee sur la région Île-de-France, 61 % des aides à domicile et aides ménagères sont étrangères. Les travailleurs étrangers représentent aussi 60 % des ouvriers du bâtiment et des travaux publics, et un cuisinier sur deux est étranger. Les étrangers représentent aussi 48 % des ouvriers non qualifiés dans l’industrie (agro-alimentaire, chimie, plastique, bois), 47 % des agents de sécurité, 45 % des agents d’entretien, 42 % des assistantes maternelles. Faire passer ces travailleuses et travailleurs pour des profiteurs, voire des menaces, c’est un énorme mensonge, c’est révoltant.
Une partie importante de ces travailleurs, tout en payant cotisations sociales et impôts, sont privés de papiers et reçoivent des OQT (ordres de quitter le territoire). En Belgique également, des travailleurs qui vivent et travaillent ici peuvent du jour au lendemain se faire embarquer et enfermer par la police. Dans un récent témoignage dans la presse, Steve employé depuis six ans chez Colruyt a reçu un OQT, tout comme Genet, employée en garderie pendant 9 ans. Voilà le résultat de leurs politiques anti-immigration.
Retirer des droits à une partie des travailleurs sans papiers n’en a jamais donné plus aux autres. C’est le contraire : les gouvernements commencent toujours par s’attaquer aux plus précaires pour ensuite s’en prendre à tous les travailleurs. C’est pareil au travail pour les différences de contrats : les actionnaires s’en prennent d’abord aux intérimaires pour ensuite s’en prendre aux CDI.
Contrairement aux paroles mensongères des politiciens et des médias qui les relaient, les lois contre les immigrés en France comme en Belgique ou ailleurs ne vont pas dans le sens des intérêts des travailleurs. Elles servent au contraire à faire oublier les attaques anti-ouvrières et à masquer l’impuissance des capitalistes et de leurs gouvernements à stopper les crises économiques, les inégalités sociales et les guerres.
Derrière la démagogie nationaliste et xénophobe : des exécutants dociles des décisions des grands trusts
Les mensonges des démagogues anti-immigrés sont abjectes mais également hypocrites. En Pologne ou en Hongrie, des partis au pouvoir ouvertement opposés à l’immigration ont même dû adapter ou contourner la loi pour faciliter l’immigration de travailleurs étrangers. C’est le cas du nationaliste Victor Orban qui a dû changer la loi suite à la volonté du groupe international Continental de faire venir 200 travailleurs Indonésiens en Hongrie. En Pologne, face au manque de travailleurs dans certains secteurs, le parti anti-immigration dernièrement au pouvoir est accusé d’avoir facilité l’octroi de visas polonais à des ressortissants étrangers en échange d’argent. En France, c’est le président du Medef qui déclarait « Ce ne sont pas les patrons qui demandent massivement de l’immigration, c’est l’économie… d’ici 2050, nous aurions besoin, sauf à réinventer notre modèle social et notre modèle économique, de 3,9 millions de salariés étrangers ».
En réalité, la droite et l’extrême droite sont non seulement incapables de résoudre les problèmes des travailleurs comme la hausse des prix et les salaires trop bas mais ils sont aussi incapables d’aller à l’encontre des exigences du grand patronat ! Alors leurs discours anti-immigrés ne sont qu’un piège pour nous diviser.
Quant aux partis qui se présentent comme des barrages à l’extrême droite, ils sont tout aussi dociles que les autres face au patronat. Après avoir voté les attaques contre les conditions de vie des travailleurs, ils cherchent un bouc émissaire et finissent, comme Macron en France, par faire la même politique que l’extrême droite.
Pourtant, si le piège de la division est déjoué, quelle force pour le monde du travail ! Ce ne sont pas ceux qui vomissent leur haine sur les plateaux de télévision qui bâtissent les immeubles, entretiennent la voirie ou font tourner les hôpitaux. Ce sont les travailleurs du monde entier. S’ils en prennent conscience, ce rôle donne aux travailleurs la capacité de se battre pour une société meilleure.