Les dirigeants de l’Union européenne ont laborieusement accouché d’un accord sur ce qu’ils appellent la crise migratoire. Il confirme tous les dispositifs qui font la honte de cette Europe des riches. L’accord veut continuer à confiner les migrants dans les pays les plus pauvres du globe et criminalise toujours plus les femmes, les enfants et les hommes fuyant la misère et la guerre.
Les composantes d’extrême-droite des gouvernements européens sortent triomphantes de ce sommet.
Quant à ceux qui, comme Macron ou Michel, se prétendent gardiens d’un idéal européen, ils sont méprisables à force d’hypocrisie. De fait, ils défendent le même rejet des migrants.
Ainsi, le premier souci de Michel au lendemain du sommet était d’affirmer que la Belgique ne s’était engagée à reprendre aucun migrant. Quant aux navires transportant des migrants sauvés par les ONG, il avait déclaré, cynique, que la Belgique n’était pas concernée, vu qu’elle n’avait pas de port sur la Méditerranée. Autrement dit : l’Italie n’a qu’à se débrouiller seule.
Avec Macron, Michel et Francken accusent ces ONG humanitaires de faire le jeu des passeurs en prenant en charge les rescapés. Mais ce qui fait le jeu des trafiquants de vies humaines, c’est la politique des pays riches qui cadenassent leurs frontières et transforment en crime le fait de fuir la misère et la guerre !
Il n’y a pas de « crise des migrants » en Europe mais une crise politique. Ce n’est pas par manque de moyens que la riche Europe se refuse à offrir un accueil digne aux migrants, dont le nombre d’arrivées a diminué depuis 2015. Les mesures antimigrants sont simplement le seul argument politique de nombreux gouvernements. Salvini, nouveau ministre de l’Intérieur italien et dirigeant d’un parti d’extrême droite, en est l’illustration. Il présente sa politique toujours plus dure contre les migrants comme le moyen d’assurer une vie meilleure aux Italiens. Dans le même temps, il explique que la lutte contre la précarité, dont son gouvernement prétendait faire une priorité, ne doit pas être une menace pour les entrepreneurs. Un message que les patrons italiens reçoivent cinq sur cinq et dont les travailleurs ont eux aussi intérêt à tirer les leçons !
Car c’est au nom du chômage et du recul des conditions de vie et de travail dans les pays d’Europe que les politiciens de tout bord justifient la chasse aux migrants. C’est au nom des intérêts des pauvres d’ici qu’ils justifient le rejet de plus pauvres venus d’ailleurs. Les politiciens responsables des mesures qui appauvrissent depuis des décennies les travailleurs prétendent ainsi les protéger avec ces mesures abjectes !
Mais transformer l’Europe en forteresse interdite aux migrants ne protègera aucun travailleur du chômage et de la précarité. Le rejet des migrants ne mettra aucune famille populaire à l’abri des fins de mois impossibles à boucler. Cette aggravation de nos conditions de vie, ici, dans les pays les plus riches de la planète, est le résultat de la guerre sociale que les gouvernements successifs nous mènent, pour que la bourgeoisie maintienne et augmente ses profits.
Les profits sont mirobolants et les chiffres d’affaires des grands groupes à la hausse. Oui, les actionnaires des grands groupes, les propriétaires des capitaux, se gavent comme jamais. Mais leur économie reste en crise et les investissements productifs n’ont même pas retrouvé le niveau précédant l’effondrement de 2008. Les conséquences, ce sont les travailleurs qui les paient, par la suppression des quelques droits acquis auparavant dans les pays les plus riches et par l’aggravation de l’exploitation partout.
Le capitalisme en crise plonge toute la société dans le chaos. La guerre économique que se livrent les grands groupes capitalistes dans l’arène mondiale condamne les trois quarts de l’humanité à la misère. Même ici, dans un des pays les plus riches, les travailleurs font face à l’écroulement de leur niveau de vie.
Dans plusieurs régions du monde, la guerre économique se transforme en guerre tout court. Les grandes puissances interviennent directement ou par bandes armées interposées, pour maintenir leur domination et protéger les intérêts de leurs capitalistes.
Oui, toute la société va mal. L’odyssée des migrants est un aspect dramatique de la catastrophe sociale qui menace tous les travailleurs.
Alors, ne nous trompons pas d’ennemis, refusons de nous laisser diviser entre pauvres ! Exploités confrontés aux bombes et à la misère et poussés sur les routes de l’exil, ou exploités nés ou installés depuis longtemps dans les pays riches, nous avons les mêmes intérêts. Nous avons une même lutte à engager contre la domination de la minorité capitaliste qui pousse toute la société vers l’abîme.