Lettre d’un lecteur

Des travailleurs de services de santé mentale s’inquiètent de la perte de sens de leur métier alors que les demandes d’aide saturent ces services, que les exigences administratives se complexifient et que les financements se précarisent.

La saturation rend les conditions d’accueil de plus en plus difficiles. Là où il devrait y avoir du soin et du suivi, ce sont les refus d’aide et l’impuissance qui prennent la place.

Les services doivent s’organiser par projet pour obtenir des fonds, inventer des approches toujours plus novatrices qui mobilisent les équipes intensément. Les projets restent limités dans le temps cependant et tout s’arrête en même temps que le financement laissant les équipes épuisées et les patients désemparés.

Les approches du soin se fragmentent en se focalisant sur des symptômes plutôt que sur des personnes là où les équipes tentent de rester ouvertes aux singularités individuelles et d’éviter les stigmatisations.

Face aux politiques d’austérité de soin, les équipes se démotivent, le réseau naturel des professionnels s’effrite et se disperse dans un saucissonnage des programmes exigés par l’administration. Il en résulte une masse de bénéficiaires laissés sur le côté.

Empêchés de s’unir et de collaborer, des professionnels souffrent de burn-out ou abandonnent le métier.

Il est urgent de trouver une voie solidaire qui mette en avant les forces de l’hospitalité (pour reprendre un terme générique ancien mais plein de sens) plutôt que ses fragilités telles que le système capitaliste les fait apparaître : prendre du temps, parler ensemble, élaborer, pratiquer à partir des expériences subjectives.